SOMMEIL LÉGER

Sommeil léger avec des rêves 
qui descendent l’escalier
des soucis du jour précédent

Je suis entouré d’abeilles
qui me font passer la frontière
du côté de Menton

J’entends la vieille leçon
sur l‘empereur à la barbe fleurie

Et puis je me rendors on dirait
sur l’image d’une belle dame
qui rentre ses moissons

MAGIQUE COMME UN PROFOND SOMMEIL



Magique comme un profond sommeil 1

Mais qu’est-ce donc ? Mais qu’est-ce que c’est ?
(à part ces deux ennéasyllabes)
Cette magie qui donne le change
à mes oreilles hallucinées

Je cite ces phrases ciselées
Par un lecteur hors pair qui écrit
Son roman sans cesse ajourné
Puis qui durant mille et une nuits
Comme une cloche sonne en branle
Change son existence médiocre
En une vie où tout désormais
(sorties, rencontres, invitations)
Se transforme en pages d’un roman
À la recherche du temps perdu


1 « …l’intérêt de la lecture, magique comme un profond sommeil, avait donné le change à mes oreilles hallucinées et effacé la cloche d’or sur la surface azurée du silence. »

 (allusion au fait que l’enfant est tellement absorbé par sa lecture qu’il n’entend pas parfois la cloche de l’église de Sainte Hilaire sonnant chaque heure) 


DIX-SEPT LIGNES CONFIÉES AU SOMMEIL


Confiés au sommeil
Ces mots et lignes
Les derniers d’une nuit
Où j’ai lu Proust, Vigny,
Et Madame de Staël
(Germaine)

C’est à moi maintenant
De poser les pensées
D’un sentimental
Temps à l’arrêt
Cosa mentale
À la lisière de mes fantaisies
Et du nonsense

Mes yeux se ferment
Le stylo tombe
Il est l’heure d’éteindre
Ma calbombe



SOMMEIL

Ha ! Sommeil je t’entends, tu montres en ton silence
Que la mort, non pas toi, me doit fermer les yeux.
Etienne Durand (1586-1618)


Sommeil est un pays où l’on s’enfonce
sans coup férir 

C’est une succession d’images venue de souvenirs
Où se mêlent les personnages de nos lectures
Les fantômes de nos disparu.e.s
Les fragments de notre vie réelle revisitée

Sommeil est diaprure d’un roman de soi
Que Mort effacera