UN PETIT SONNET





Et si je faisais un petit sonnet

En décasyllabes entre deux sommeils

Un petit sonnet bayant aux corneilles

Avec de la roupie de sansonnet





Ça court plus les rues les petits sonnets

Avec le Covid et le couvre-feu

Plus d’amoureuses flammes et de fleurs feues

Derrière leurs masques les gens sont sonnés





« Tantôt sombre et rêveur, insoucieux et tendre »

L’alexandrin nervalien a sonné

Mélange étrange d’un vers de malandre





Avec un saltimbanque de sauts nés

De fantaisies à la Boby Lapointe…

La pointe finale de mon petit sonnet.





19/01/2021

et si je faisais un petit sonnet

COMME UN TABLEAU NOIR





Comme un tableau noir de l’école communale

Le grand art enfantin à coup de craies plus blanches

Qu’un fond de Constellations de Joan Miró





Des étoiles de roses d’un sonnet de Ronsard

Étouffées par la mort qui nous a laissé choir

Un souffle un presque rien le cycle recommence





Comme ce tableau noir suscitant l’enjouement

Étude des trilles des vols d’engoulevent

Bestiaire des faucons hagards et crécerelles





Comme des lignes de naissances successives

Les sillons nouveaux les mottes luisantes les vers

Attirant les merles et les bergeronnettes





Les travaux et les jours la palette des nuits
Le temps est à la neige efface ce poème

Qui sautait à la corde d’un temps qui s’est perdu





05/01/2021

manuscrit + hypnographies

SONNET QU’ON NE SAIT SUR QUEL PIED DANSER





à Jean-Louis Rambour

un maître en la matière

Lisez ses 24 sonnets publiés dans son roman

« Le cocher poète »

(Editions L’Herbe qui tremble)





Chaque être s’enchevêtre, de lui-même incompris.

Il n’a ni Dieu, ni Maître, mais rêve d’infini.

Il forme le dessein de lutter pied à pied,

Mais la raison l’égare et la rime le fuit.





C’est le texte qui crée sa propre rhétorique,

Lisait-on dans les temps des odes inachevées,

De la chèvre à la boue, du lézard à la barque*,

On patauge dans les choses de pays ignorés.





Modernes anti modernes, nos obscures lumières

Bricolent et houspillent les vieilles vieilleries.

Sous douze pieds de vers comme des mouches vertes,





Partout dans l’Univers des atomes obliques

Engendrent tous ces signes qui nous rêvent éternels.

Chaque être se libère de ses mimologies.





*Francis Ponge





29/04/2020

TOUT POÈME FINI EST UNE VIS SANS FIN





Le roi Raymond Queneau écrivit dix sonnets

Dont chaque alexandrin fut par lui séparé

Sur quatorze languettes de papier découpé

10 puissance 14 vous zavez ka compter*





Moi je les ai classés dans ma verte chemise

Je les apprends par cœur chantant leur Oulipo

Poètes en ce moment pataugent dans la crise

Ils grelottent les pauvres sans les os ni la peau





C’est ainsi tu le sais que le temps des cerises

En semaine sanglante termina au tombeau

L’Histoire et sa grande H à tous nous traumatise

Mais je persiste et signe cherchant les chocs verbaux





Sur le papier mes vers font une belle trotte

Me donne mon cheval les gambades et la crotte

La poésie quand même c’est fait pour les lutins

Leurs baraques à tous vents leurs coquilles baroques





Frères humains et sœurs il faut bien qu’on débloque

Tout poème fini est une vis sans fin









*Cent mille milliards de poèmes

Raymond Queneau

TOUT VA BIEN AU SONNET

 
Tout va bien au sonnet
Soupirail ciel de traîne
Litanies et blasphèmes
Au détour d’un sentier
 
Tout fait choc bien rythmé
Sur le roc de Sisyphe
          L’ironie un peu kitsch         
D’une nuit d’Idumée
 
Tout concourt aux symboles
Dans l’Idéal le Spleen
Nostalgie d’un présent
 
À la manière folle
La laideur la beauté
Tout va bien au sonnet
 
 
le titre est un don de Charles Baudelaire