SUR PAPIER KRAFT…JE PEINS LE PASSAGE

SUR PAPIER KRAFT à base de bois traité à la soude Soude de varech ou soude caustique vers des Châtiments : Affrontez l’orage ! Affrontez l’écume ! Rochers et proscrits Hugo Proscrit banni de la République d’un certain Platon Platon et Socrate tout ce que je sais c’est je ne sais rien Rien le vierge vers et de notre toile le grand blanc souci Souci des jardins jaune ou orangé de Nantes et d’Angers Danger attention cassis ou dos d’âne et jeu de hasard Hasard quel bazar que ce jeu de dés la fleur d’oranger Oranger en fleur naranjo en flor l’amour c’est amor Amor non la mort mais le bel amour qui fut entre nous Nous ressuscités sortant des linceuls de l’éternité De l’éternité sortant du chapeau d’un champ magnétique Magnétique aimant aimant mots et rimes qui charment et fascinent Oui tu nous fascines magicien du verbe  le corps fait esprit Esprit es-tu là ? sibulonbula je suis dans ma bulle Bulle de savon mousse jouissive proème pongien Pongien autrement je prends la tangente je fais mouvement Mouvement des yeux au cœur de la nuit le silence parle Le silence parle c’est paradoxal il parle à l’oreille L’oreille l’ouïe j’entends un bruit fin c’est mes acouphènes Acouphènes font un bruit continu à haute tension Tension d’un silence vu dans le sablier simple éternel Eternellement entre somme et rêve Je peins le passage Montaigne

24 pages écrites sur papier kraft ornées d’hypnographies Dorio octobre 2023

J’AI UN SOUCI AVEC LE TEMPS



J’ai un souci avec le temps
Non avec le temps qu’il fait
Qui je traite la plupart du temps
Avec indifférence 

J’ai un souci avec le Temps avec son grand T

J’ai un souci avec le temps qui passe ses crayons noirs 
Sur mes nuits blanches

J’ai un souci avec le temps
Que je ne veux pas passer quand il est bon,
Joyeux, discrètement heureux

J’ai un souci avec le temps qui ne veut pas passer
Quand il est lourd et pèse
Comme le couvercle
De la marmite baudelairienne

J’ai un souci mais ce n’est rien
Comparé à celui qui en fit tout un roman
À la recherche du temps perdu1


1    « Un roman de 3000 pages précédé de 7000 pages d’esquisses, de brouillons superposés, auxquels s’ajoutent dactylographies et multiples jeux d’épreuves. » Jean-Yves Tadié 

COMME SI COMME ÇA fantômes de papier sur le chemin des indiens morts





Comme si comme ça

Sur le chemin des indiens morts*

Je cherche toujours mon Eurydice

Faisant le tour des jours et des nuits

En quatre-vingt mondes

Mais comme mes pas perdus

les pages de ma bibliothèque universelle

sont décousues





Il y nage un bestiaire peu commun

Dont ce matin les axolotls

Aux yeux d’or et au petit visage aztèque





Il en sort des personnages

réduits à « l’insubstance »

des fantômes de papier

Comme ce faux Perec

montant son livre d’une vie

sans mode d’emploi





 C’est un monteur d’images  faisant son cinéma

qui m’a suggéré ce dernier trait

Comme ça comme si

Son nom est Personne

Ou bien Monsieur Souci





*Michel Perrin (sur les mythes des indiens Goajiro)

Les axolotls m’ont été « donné » par Julio Cortázar

cette nuit le premier jet était brouillon

UNE PAGE SORTIE DE SON CADRE





Curieusement j’ai déjà écrit cette page

-du moins je l’ai imaginée-

Elle partait de zéro -tabula rasa-

et se lançait à l’eau





-Allo allo est-ce que tu m’écoutes ?





Et à présent je la vois sortir de son cadre

Cherchant ailleurs sa route et sa pâture





-Oui je t’écoute

Toi qui depuis fort long temps

n’est plus de ce monde

Qui a quitté l’horizon de mes textes





Mais ne crains pas que je t’oublie

Je me préoccupe toujours

de ton souci





Jusqu’à la dernière ligne

Jusqu’au dernier pétale

Qui s’envolera du bouquet d’un temps

Tremblant d’incertitude

si vous comparez les deux versions vous verrez les différences avec mon premier jet réflexion faite ce que j'ai ajouté et modifié ne me satisfait pas c'est trop "embrouillé" mais si une main lectrice veut bien reprendre "le rameau" et se l'approprier je lui en fais volontiers "présent"  jjd 23/02/2021 8h37