ENCORE UN POÈME MONSIEUR LE BOURREAU


Encore un poème monsieur le bourreau
Un de ceux que je connais par cœur
De Rimbaud Verlaine Victor Hugo
C’est un trou de verdure Il pleure dans mon cœur

Encore une chanson avant de disparaître
Si par hasard sur l’pont des Arts
Si par hasard de Gaétan Roussel
Les gens qui doutent La graine d’ananar

Encore un p’tit bouquin sorti d’une boîte à livres
Le château de ma mère Le vieil homme et la mer
La vie mode d’emploi Que ma joie demeure


Ah ! Monsieur le bourreau
J’espère qu’en me lisant
Vous avez avalé votre chapeau

EXERCICES DE PENSÉE

Je lis un pur lacanien
Dont je ne comprends goutte
Mais qui stimule mon écriture
Écrire comme lire
Accueillir ce qui trouble
Laisser s’ouvrir le rêve
Qui tentera de l’apaiser

J'écris et je vois double :
la littérature que je lis
tant bien que mal
et tout le reste
comme disait Verlaine

Tout ce qui permet
De lever la tête
De nos livres
Et de se livrer
À des exercices de pensée :

"Un ailleurs théorique et plausible
À notre ici compact et inéluctable"
version Tabucchi
Ou bien
"Inutiles phares de la nuit"
version Chateaubriand
Ou bien
(à toi lecteur / lectrice interactif/ interactive de l'écrire) s'il te plaît

........................................




Martigues dimanche 17 décembre

QUE RESTE-T-IL DE NOS AMOURS DE LA POÉSIE ?

La « quête » de ce que lon a perdu, ou bien la « crainte ». On hésite en lisant ce manuscrit aux vers raturés, supprimés ou réécrits. Le thème en est cette chanson écrite au mitan de la guerre et qui manifeste, pour filer la métaphore, une belle résistance : Que reste-t-il de nos amours ?   Cest la quête de ce qui fut et de ce qui aurait pu être : Baisers volés, rêves mouvants. Baisers volés dans la paille dun grenier qui excitait nos sens premiers. (Les cris aigus dune fille chatouillée.)  

Rêves mouvants que génèrent ces voix séculaires, « littéralement et dans tous les sens. »

Au mitan de la guerre, « dans le mitant du lit, la rivière est profonde » de nos chanceuses vies ou de nos morts subites. « (Ce) long abus de la littérature », faisant écho au dernier vers mémorable de Verlaine sur son « Art poétique ». Mais, ici, modestement mais fermement, cest le vers premier que l’on veut rappeler : De la musique avant toute chose, car il faut craindre que la méconnaissance de tout art poétique, rende vaine la quête de ce quon a perdu, lamour des formes et toutes les nuances de mots où lindécis au précis se joint.

Avec Charles Trénet (Que reste-t-il de nos amours ? 1942) Paul Verlaine (Art poétique), cette « tant belle fille » Aux marches du palais, et quelques autres faiseurs de poésies.

https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi

J’ouvre la fenêtre et laisse entrer quelques instants

la fraîcheur après un orage

sur la passe maritime

Un poème nouveau m’attend

dans sa discontinuité essentielle

et son essai de recomposition

L’éclair d’un geste

Qui ouvre sans le vouloir

La porte de ce poème

Comme un éventail

LÉGÈRETÉ

Léger le trait la main légère qui suit le cœur au ralenti

Le souffle presque éteint mais qui reprend
Comme un feu couvant sous la cendre

La vie oblige à maintenir la flamme vive
Fût-ce une étincelle
La flamme d’une bougie de l’espèce fabulatrice 1

Le trait léger la main qui essaie le souffle qui se maintient

La notion de capabilité

L’invention d’une écriture présente et de passage,
vulnérable, inachevée, et sans colère

Allez rien n’est meilleur à l’âme
que de faire une âme moins triste 2


1 NANCY HUSTON 2 PAUL VERLAINE

manuscrit page de gauche