IL N’EST PIRE DOULEUR


Nessun maggior dolore che ricordasi del tempo felice nella miseria
Dante Alighieri Inferno
Il n’est pire douleur que le souvenir du bonheur au temps de l’infortune

Ceux qui respirent parlent rêvent
Celles qui rêvent parlent respirent
Vivant libres aimant désirant espérant

Celui qui vorace et triste enfermé dans son palais
A l’effrayant pouvoir de déclencher la guerre
D’envoyer ses soldats ses bombes et ses tanks

Ceux et celles qui respiraient parlaient rêvaient
Vivant libres espéraient aimaient désiraient
Nos frères et nos sœurs soudain vivant l’Enfer



LE CHANT LA NUIT SOUS COUVRE-FEU





Le chant la nuit

Dans la ville morte

Sous couvre-feu

Jeté sur ce papier

Qui défie les écrans

Qui se déploie

Oiseau phénix





Le chant douleur

Que laboure l’écrit

Les cris du nouveau-né

Ce poème grinçant

Que traverse le temps





Le chant la passe

Le geste tant de fois

Esquissé frayant

Avec l’espace

L’instant précieux

D’un poème innocent





Le chant transcrit

Sur ce papier

D’où s’envole

Telle une braise

La dernière métaphore





13/01/2021

manuscrit avec ornement « hypnographique » jjd 14/01/2021

UNE MANIE DE POÈTES

manuscrit premier jet 22/09/2020




Les poètes ont la fâcheuse manie

De parler de leurs maladies

Je suis…cette vieille douleur

qui hurle par les yeux*





Manie, mania, folie,

ils en font des manières !

Douleurs, plaintes, ruades,

Chacun, chacune, font leurs livres de sable

où ils couchent leurs vertiges.





Je t’écris, je tressaille, je soubresaute,

déchiré, déchirant cette feuille,

que tu ne liras pas.





*Serge Sautreau

22-23/09/2020

L’AUBE GRISE L’AUBE BLEUE













un poème écrit
à l’aube de ce jour
29 mai 2020
en vers trisyllabiques
dit par son auteur


L’aube grise
l’aube bleue
la méprise
Lao-Tseu

La douleur
retenue
la douceur
ingénue

Le travail
d’écriture
Hokusaï
la Nature

La souffrance
le remords
le silence
de nos morts

L’aube rouge
le vin noir
à Montrouge
chez Nadar

La pitié
la manière
psalmodier
Baudelaire

Le passage
d’un poème
dans la marge
où l’on aime
le langage
des promesses

(trisyllabes du mois de mai 2020)








mis en chanson
jj dorio

SILLONS TRISYLLABIQUES

année 2020

dite des devins

indication :

lire des yeux puis de la voix  ces textes écrits en trisyllabes

le lecteur idéal laisse le texte capter tout son présent          

n’oubliez pas les diérèses.

Janvier

PAROLES SANS ROMANCES TRACÉES À LA POINTE FINE

Il ne sert  à rien  d’expliquer  Dorio  dans le texte  Dorio  n’exist’pas  mais il trace  des sillons  en passant une araire  pointe fine  va et vient  de paroles  sans romances  Il ne sert  à rien  sur la page  des fragments qui se perdent  roue errante  d’une main  du tressage  sans dressage La sibylle  peut bien rire les idylles  et rondeaux  s’en aller  Je persiste  et je signe

Février

SOLITAIRES SOLIDAIRES DES RAISONS ET DES RIMES

Février  découpé  en vingt neuf  vers sans rimes  à jets d’encre  sur la page  puis clavier  pour l’écran Février  cette année  apporta corona  un virus  une grippe  pas d’Espagne  mais de Chine  Tchin tchin tchin Qu’opposer  à la mort  si ce n’est  la richesse  d’exister  avec et pour  nos semblables  solitaires  solidaires des raisons  et des rimes chuchotées

Mars

POÈMES DE COVID EN RÉA POÉTIQUE

Tout oublier phrases cul par-dessus gentillesse tout ouvrir à ton bic laissé seul sur la page Mon hôtesse tout futur enjambant passerelle au-dessus de l’abîme Tout connaître du regard des mourant.e.s à la douane du grand soir Tout écrire en réa poétique des poèmes de covid des patient.e.s aimables qui sourient avant de trépasser Tout ainsi qui passa

Avril

FANTAISIES D’INSOMNIES

Connerie c’est la guerre tragédie c’est Corneille Tu l’as dit c’est Bouffi comédie c’est Molière c’est parti mon kiki ouistitis c’est au zoo ou c’est pour la photo ‘piphanie dans le gâteau des rois hélianthes tournesols du Midi Tout ceci je l’écris dans mon lit d’insomnie que la vie est amère dit ma mère qui s’endort Bonne nuit

POUR CALMER LA DOULEUR





Pour calmer la douleur faites des fantaisies

Coupez vos livres en deux comme ce vers à l’hé

mistiche Amusez comme le psy Lacan

la galerie Nyania Pour dire et suggérer

Tirer les vers du nez nyania beaucoup à faire

On songe à Cyrano ou aux âmes bien nées





Pour calmer la douleur la tenir plus tranquille

La forêt du langage la cacher par un arbre

Nyania le baobab et le baba au rhum

Nyania le pin d’Alep et celui de Cézanne

Le chêne le roseau le bambou mal pensant

Le hêtre le néant et le baron perché

sur la littérature d’Italo Calvino





Pour calmer la douleur se plaindre est inutile

https://www.youtube.com/watch?v=5-IxkvaXlzE

Max Richter (Return)


J’écrirai le mot fin comme arrivé au port
Cette fin n’est autre qu’un recommencement
Raymond Queneau (1903-1976)