AUJOURD’HUI
Ce mot posé sur ma feuille
comme la main remuant les cendres
pour souffler sur la braise de ce jour hésitant
Aujourd’hui sans hésitation
Refusant de prime abord
les rumeurs des radios du monde
Aujourd’hui commençant pas à pas
le chemin inconnu de ce poème
que je lis en l’écrivant
Plus lentement que n’allait Prévert
à l’enterrement de ses feuilles mortes
Au Jour d’Hui
Tag Archives: braises
LES LIVRES C’EST POUR VIVRE NON POUR S’Y ENFERMER
J’aime tant les livres que m’y enfermer serait creuser mon tombeau
Les livres c’est pour vivre, pour s’aérer, souffler sur des braises avant qu’elles ne deviennent cendres
J’aime tant les livres aux mains des fileuses et des filous qui me mettent en charpie si trop je les loue
Les livres c’est pour prendre congé des charognes et des charniers, c’est la bourse ou la vie, la chandelle ou la bougie, le coucher de bonne heure ou autour de minuit
J’aime tant les livres que voir leur auteur passer à la télé me dissuade de les acheter, le pot de chambre ou le vase de nuit ?
Les livres c’est pour exister à l’écart des prix littéraires, c’est pour caresser le papier d’Arches et boire l’encre d’imprimerie
J’aime tant les livres que m’y enfermer serait m’étouffer, m’asphyxier, me faire mourir à petit feu
Les livres c’est pour libérer la part en nous qui nous arrache au temps
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi
En cliquant ci-dessus vous verrez apparaître mon dernier livre qui vient d’être publié, comme s’il s’agissait d’un PALIMPSESTE :
Mes textes nouveaux, repris chaque jour, s’écrivent sur mes textes anciens, faisant ce palimpseste – illisible pour les impatients –, duquel j’extrais, de temps en temps, une écriture qui semble présenter quelque intérêt pour ceux et celles qui aiment partager leur pain quotidien. Une écriture toute faite de lectures d’auteurs multiples et non autoritaires.
J’ÉCRIS POUR VOIR LES YEUX FERMÉS
J’écris pour toi pour voir ce que tu vois les yeux fermés pour toi qui désormais n’y voit plus que du bleu
J’écris pour nos aïeux, les tiens, forgerons et soudeurs du chantier naval, les miens, maniant l’araire puis la charrue brabant
J’écris pour nos filles, enseignantes émérites et pour nos deux petits-enfants, une fille, un garçon, qu’hélas -cent fois hélas- tu n’as pas eu l’heur de voir naître
J’écris pour la maison adossée à la colline ici notre fière bastide qui regarde la passe maritime là-bas où tu naquis et la maison de Maxime la bleue elle aussi que tant de fois nous chantâmes ravis
J’écris pour la nuit la plus fidèle des compagnes qui me donne les braises de mots qui colorent mes pages et me tiennent éveillé
J’écris non pour « être ou ne pas être »,, mais pour « traversant les voies périlleuses » 1 peindre, comme Montaigne, le passage
1 Jean Bouchet (1476-1557)
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi
BRAISES ET CENDRES
Poésie tourmentée repose aussi…
Long temps après
à la relecture
Braises sont devenues cendres
C’est un peu –comment dire ?-
Comme si l’on recevait une réponse
de nos lettres à nos morts
À force d’insister
l’une d’entre elles
-oui il s’agit d’une morte-
nous a adressé un courrier
que nous lisons mot à mot
sur nos lèvres
Ce sont trois minutes d’étrangeté
Qui semblent durer une éternité
Mais voilà à la fin
des murmures et balbutiements
Il ne reste rien
Seulement ce lit de braises
Devenues cendres
12/02/2021

COMPOSÉ À L’OREILLE
Composé à l’oreille transcrit sur le papier
Un fragment de ténèbres et de chant mesuré
Le risque de tomber d’un trapèze de feu
Métaphores brisées têtes dans la sciure
Des vers de nos poètes plus personne n’a cure
Composé à la feuille au bord d’un fleuve bleu
Où un papillon rêve les pensées de Tchouang Tseu
De la dernière indienne de la Terre de Feu
Passé comme un vertige le poème se rompt
Quelques roses de braises volètent à l’horizon
10/01/2021
