Ouvert jour et nuit
Ce blog fait des étincelles
Des sortes de poèmes
Qui vous requinquent
Comme un journal de bord
Tenu dans les bistrots parigots
À l’écusson À la clepsydre
À la grande ourse Au cavalier bleu
Ouvert nuit et jour
Le blog fait du Dada
Du yoyo de l’Oulipo
Et même scrogneugneu
Du Pierre Mac Orlan
Pantalon de golf
Et béret d’écossais
Ouvert à toute heure
Il bat la plage sous les pavés
Invitant l’homme de Giacometti
À lire sous la douche
Le bouquin de Cami
Un cami compartit
Un chemin partagé
Où un quidam
Nommé Pessoa
Fait en personne
La fermeture
Du bar de l'Intranquillité
Tag Archives: Oulipo
J’ÉCRIS DES LETTRES À MADAME LA MARQUISE
J’ÉCRIS DES LETTRES À MADAME LA MARQUISE J’écris des lettres à Mr le Président en m’abstenant de tout épanchement J’écris des notes de félicitations à ma cuisinière qui m’a gâté cette semaine d’huîtres, d’alouettes (sans tête), de soles frites et d’éperlans J’écris au rédacteur en chef du Monde des Livres que j’accuse d’avoir coupé la tête du chroniqueur chargé de présenter les nouveaux livres de poésie J’écris des notes par centaines aux quatre coins de Paris sur des bancs publics ou dans des bistrots voués aux tables à contraintes de l’Oulipo J’écris à Mme de Sévigné pour lui demander d’éclaircir quelques allusions qui me sont incompréhensibles J’écris à mes ami.e.s lointain.e.s en imaginant la transcription d’une conversation qui entre nous n’a pas eu lieu J’écris par petites touches cette sorte d’autoportrait kaléidoscopique marqué par la fragmentation et l’inachèvement
NOYONS L’ORÉNOQUE
1 NOYONS L’ORÉNOQUE je recopie la fin de vers d’une Oulipienne qui ignorait sans doute que tonton Cristobal Colomb passant pour la première fois dans la mer Caraïbe au-delà de son delta vit le grand fleuve troubler la mer si bien qu’il décréta illico que ses sources provenaient ni plus ni moins du Paradis 2 NOYONS L’ORÉNOQUE et sa vaste plaine -el llano- que je parcourus à pied en jeep et même en vélocypède une journée particulière pendant la saison des pluies où j’avais de l’eau jusqu’à la ceinture et ce vieux con nous dit d’avancer 3 NOYONS L’ORÉNOQUE ses tatous ses tapirs son fourmilier qui tire sa langue de dix-huit mètres mais sans chapeau sur la tête ses perruches qui crient en bande le soir quand tombe en cinq minutes la nuit ses aras rouges comme l’oiseau cardinal et son toucan à gorge citron J’oublie le petit roi colibri el picaflor dont le bec coquin vient dans une chanson érotique sucer le miel du bouton de l’orchidée préférée d’Odette et de Swann la fleur de cattleya 4 NOYONS L’ORÉNOQUE et sa Nioque de l’avant-printemps publiée dans les revues d’avant-garde l’Éphémère et Tel Quel précédant anticipant accompagnant le joyeux bordel de Mai 68 Nioque et Gnose Gnoque et Gnosienne féérie verbale d’un Enragé qui eut toujours la gnaque 5 NOYONS L’ORÉNOQUE oceano nox des marins naufragés dans une mer sans fond par une nuit sans lune vieilles lunes d’Hugo contestées par le poète breton des Amours jaunes qui casse le mystère de leur disparition Morts…Merci la Camarde a pas le pied marin Vieux fantôme éventé la Mort change de face : la Mer ! la mer ma mère toujours recommencée 6 NOYONS L’ORÉNOQUE la poète du pays de l’Anagramme qui a donné l’impulsion à cette série vient –comme on dit- de nous quitter ce 15 janvier 2022 au prochain appel des membres de l’Ouvroir de Littérature Potentielle elle sera comme ses confrères et consœurs excusée pour cause de décès morte à Brie-Comte-Robert dernier clin d’œil sur l’album de la poétesse avec pour alliés Desnos dit Robert le Diable, le Comte Raymond Queneau père avec le mathématicien Le Lionnais de l’Oulipo et pour viatique culinaire le roi des fromages à la croûte fleurie Jean Jacques Dorio 22/02/2022 1 Colomb comme ses contemporains croyait que le Paradis existait pour de bon sur un petit coin de la Terre 2 Chanson de Pete Seeger traduite et chantée par Graeme Allwright 3 chanson populaire du Venezuela Si tu fuiste clavel Yo seria picaflor Para chuparte la miel Del capullo de tu boca Et pour nos deux coquins imaginés par Marcel Proust « faire cattleya » était après un long temps de latence faire ce que vous pensez 4 L’Enragé F.P. qui se fendit d’une Rage de l’expression fait pendant à D.C.B l’enragé de Nanterre. 5 Victor Hugo (1802- 1885) Tristan Corbière (1845-1875) 6 Michelle Grangaud (1941-2022)
DU NYANYA DE LACAN AU NYAPROU DE MA MAMAN
Je me souviens du nyanya de Jacques Lacan qui ajoutait un brin pervers
C’est pour que rapport nyait pas
Je me souviens de la cantatrice chauve d’Eugène Ionesco
Celle qui selon Mme Smith se coiffe toujours de la même façon
Je me souviens de l’incipit le plus répété de la littérature française
ouvrant Du côté de chez Swann
et que ce farceur de Perec
transforma en
Durant un grand laps on m’alita tôt
(lipogramme en « e »)
Je me souviens du sonnet de Georges Fourest
Un travertissement burlesque du Cid de Pierre Corneille
Impassible et hautain drapé dans sa capa
Rodrigue-As-Tu-Du-Cœur
Suscita ce vers inoubliable de la plaintive Chimène
Qu’il est joli l’assassin de Papa !
Je me souviens que certains membres de l’Oulipo
L’Ouvroir de Littérature Potentielle
sont excusés au début de chaque réunion
pour cause de décès
Je me souviens du Pantoum négligé
de Paul Verlaine
Trois petits pâtés ma chemise brûle
Ma cousine est blonde elle a nom Ursule
Et par ricochet je me souviens de
Ô U Ô U
Ô Ursule
Pour toi d’amour
Mon cœur brûle
Je me souviens de Certains l’aiment chaud
et de la chute du film
Nobody’s perfect !
Conclusion d’une blague de scène de ménage
La femme : Tu es un parfait idiot !
Le mari : Personne n’est parfait !
Je me souviens du nyanya de Lacan
et du nyaprou de ma maman
cette expression issue de l’Occitan
et qui signifie
Ça suffit !
QUENEAU NOUVEAU DOCTEUR CONTRE LE CORONA
Le roi Raymond Queneau écrivit dix sonnets
Dont chaque alexandrin fut par lui séparé
Sur quatorze languettes de papier découpé
10 puissance 14 vous zavez ka compter*
Moi je les ai classés dans ma verte chemise
Je les apprends par cœur chantant leur Oulipo
Je conseille le remède à ceux que traumatise
Le virus du covid qui leur vide la peau
Le poète inspiré c’était bon pour Homère
L’aède de l’Iliade exaltant les Héros
Les Grecs s’écrabouillaient faisant pleurer les mères
Les poètes oulipiens c’est plus terlintintin
Des dieux ils ont soupé ils préfèrent les lutins
Qui nous délivrent du mal mais non des chocs verbaux
*Cent mille milliards de poèmes
Raymond Queneau
dimanche 03/05/2020