POÈME ZEN





Poème zen

Venu d’un monde intérieur

mais non clôturé

Sans peur ni repentirs





En s’écrivant il se donne

le « monde-autre » des poésies

comme horizon de lecture

(comme une geste chamanique)





Poème zen

S’il sort de travers

Je le laisse

sur un coin de table

et j’en commence un autre





Ou bien

j’écris sur le poème raté

palimpsestueusement





Poème zen

Couleurs des nuits

Poussière d’ailes

de papillons blancs

que l’on nomme « éphémères »


	

C’ÉTAIT LA NUIT





C’était la nuit

L’honneur des poètes

Que personne plus ne lit





C’était la nuit

Spirale d’un Nerval

« engloutissant les Mondes

et les jours ! »





C’était la nuit

Celle qui donnait le souffle

« aux enfants du limon »           





C’était la nuit

Sous la grotte Sibylle

Bredouillait ses énigmes





C’était la nuit

La nuit désenchantée

L’esprit de poésie

D’un poème oublié





14/11/2020

c’était la nuit

LE PLUS BEAU LIEU DU MONDE





Le plus beau lieu du monde

est là dans mon poème,

dans cette forme ronde,

manège de soi-même,

dont le cogito vagabonde

de ligne en ligne

de vers en vers,

dans ce que j’imagine

chez Nerval ou Prévert.





Je suis le desdichado,

Je suis comme je suis,

Je suis ce que je pense,

Ce nom qui me transcende,

Dans tous les lieux où je fus,

l’espace et le temps d’un poème,





Je suis cette personne autre,

Cet étrange étranger,

 Habitant cette langue « fraîchissante et rose »*,

Du plus beau lieu du monde.





*Marcel Proust

le plus beau lieu du monde est là dans mon poème

	

PASSONS AUX CHOSES SÉRIEUSES





Passons aux choses sérieuses

Quelques vers passe-partout

Battant des nuits la semelle

L’or du temps sans repentirs





Passons aux choses poèmes

Tant que marche la cervelle

Loin des hommes prédateurs

Qui déchirent et broient la vie





« Je » est universel

« Moi » moi le corbeau noir

Des peurs des guerres et des haines





Passons aux choses légères

Barques Voiles au soleil

De l’enfance au naufrage

La vie musique et poésie





Et par ici la sortie !

*

CREDO





Rien ne me paraît plus négligeable que le poète réduit au poète.

Paul Valéry





Je ne crois pas en la poésie

Mais au mouvement sans cesse recommencé

Qui me porte vers un poème.





Ceux que je connais par cœur

et que je me récite

Quand le temps ne passe pas

Ceux que je découvre

Et qui toujours résistent





Ils m’obligent à faire l’Essai

De rassembler

Tout ce qui au fil du temps

S’est morcelé :

Le poème et ses exigences

Le poème et ses lignes d’horizon

Qui semblent faire se rejoindre

Le ciel et la terre

Le ciel et la mer

Le ciel et le néant





Le poème comme expérience

Et la distance à maintenir avec son risque mortel

Celui de se prendre, chemin faisant,

pour un « poète ».





lecture




CONTRE-POÈME




Poète ?

Je veux bien

Mais alors

Caméléon

Une couleur

Pour chaque

Passe :

Amour et désamour

Jubilation et disparition

Quiétude et inquiétude

Sol y sombra

Cris et rires

Écriture





Liberté sur paroles

Camées et caméléons

Bibelots abolis

Du faiseur de poèmes qui regarde le monde

Au-delà du bout de son nez