POÉSIE PURE PARI PERDU ?

tel quel 16/07/2020
Poésie pure. Un pari. 

Dans l'oubli des conventions et des assurances tout-risques
contractées au fil de recueils et de "poèmes de toiles"
que nul ne lit - à part celles et ceux
qui dans leurs têtes les récrivent.

Poésies jetées à la mer, dans des bouteilles biodégradables, 
sur du papier accordéon, en longs rubans verdoyants,
roulant "des pensers qu'on ignore".

Poèmes du bout des lèvres, levant les lièvres, 
courant sur les plages désertes, jusqu'à épuisement.

Poésies d'un vie quelconque et singulière, de babils du berceau, 
en babels du tombeau, déclinés dans un lit où la nuit tire au clair
le silence assourdi d'une foule sans voix,qui a brûlé tous ses livres
de poésie.




 
poésie en absence (détail)
un ajout pour Estourelle et Maria-D
Qui poursuivent mes pages
De "rêves indistincts"


La

Bibli

Othèque

L’art

D’acco

Moder

Les restes

Certes

Mais pas

La Muse

Et le poète

Mesurés

Au centimètre près

Par le douanier

Rousseau

Jean Jacques

Le bateleur

Des petits métiers

Oubliés

L’homme-orchestre

Le cœur attaché

À ses grelots

Une main

Sur l’archet

L’autre sur

La trompette

Bouchée

Et la troisième

Sur la manivelle

De l’orgue de

Barbarie

Le pied

Sur la grosse

Caisse

Zim boum boum

Qu’est-ce ?

C’est le rez

De jardin

De la BNF

La bibli

Othèque

Des cher

Cheuses

De  poux

Qui mettent

Du sel

Sur les plaies

Des écrits

Et closent

Leurs chapitres

De rêves indistincts

UNE PAGE SUR PAPIER VERT

écrit tel quel 14/07/2020




Je m’égare sur ce papier vert, pailleté, que je remplis, au gré de ces pages.

Les pages d’un cahier rare, qui arbore toutes les couleurs.

Ici le vert, là le bleu, l’orange, le rouge.

Sauf le noir. J’ignore pourquoi.





Épicurien, Épidémie, Étymologie.

J’effeuille le dictionnaire à part moi.

Curieux de ce que je ne sais pas, non les définitions, qu’il suffit de lire,

mais ce qui cache derrière elles.





Le temps a changé paraboles en paroles.

Je les fais enfin s’envoler sans craindre de les  » peindre » (perdre…1° version).

Focs deviennent colombes.

Et cris du soir qui tombe, martinets.





Le temps a laissé son manteau…

Vers d’un de nos plus anciens poètes,

un quart de siècle prisonnier des Anglois,

et qui trouva en Poésie cette folie qui nous nourrit

de déchirures et de broderies.





Ardente et glacée. Utile et futile. Puérile et alambiquée.

La plume a glissé peu à peu au bas de la page.

Et la mer maintenant la recouvre…





14 juillet 2020

POÉSIE MODE D’EMPLOI ACROSTICHE





ACROSTICHE





Poésie

Où es-tu

En quel endroit

Secret

Irradies-tu

Encor





Mise h

Ors jeu

Décapitée

Engluée

Dans le monde marchand





En évoquant ta perte

Me revient ce chant

Précieux qui décline

Les mille endroits du monde

Où l’on écrit ton nom

Il n’y a pas de liberté sans toi





couverture ornée par mes soins
face à la mer la mer de Poésie
toujours menacée et toujours recommencée

Quand le précieux poète-chercheur Octavio Paz
suggérait aux journaux
de publier un poème par jour
laissant l'initiative aux lecteurs de s'en nourrir
ou de le rejeter
le journal "Le Monde" avait encore un critique
qui s'intéressait à la parution de certains livres de poésie
c'est fini ni ni 

le pire est qu'éditeurs poètes et revues spécialisées
semblent en avoir pris le parti que les poèmes fleurs nouvelles
même vouées à rapidement s'effacer
ne soient plus lus dans l'espace public

Bon vent cependant
à Jean-Marie Corbusier
poète attentif au(x) livre(s)
des oublis et des veilles 
(un de ses titres)
qui sera le rédacteur en chef
du prochain 
Journal des Poètes


LE REVOLVER AUX CHEVEUX BLANCS





LE REVOLVER AUX CHEVEUX BLANCS

Prétexte

À force de noter ses rêves, il ne savait plus s’il rêvait qu’il dormait,

ou s’il se réveillait d’un somme où il rêvait qu’il traversait le Pont des Arts, un livre d’octosyllabes sous le bras.





Je mets la chambre dans le feu.

C’est un rêve d’André Breton

Qui tire à vue depuis la Tour.

La Tour Saint Jacques. Échec et mat.

Seul sans ma belle il m’a tué,

le révolver aux cheveux blancs,*

il t’a tuée.





Poésie ne fait pas de vagues

Elle vogue de nuit en nuit

Sur la barque d’un Anonyme.

Fanal, feu latent, exercice,

Poème en rupture, brisures,

Que l’on recolle pièce à pièce.





Les mots viennent de toute part

Mais il faut les laisser passer

Ou bien les isoler en chambre

De décontamination.





En attendant qu’ils nous reviennent

Avec l’ache et le serpolet**

Silence sur la page noire.





Sans livre à portée j’ai du mal

Mais avec crayon et papier

Je trace pour les recréer

Des guirlandes de l’un à l’autre.

J’ai du mal sans papier stylo

Mais persiste la voix en tête

De tous mes poèmes adorés.





À la fin sans pouvoir me plaindre

Sans voix sans oreille et sans yeux

Je n’aurai alors pour survivre

Que les mots sur les lèvres

de ceux qui m’ont aimé.





*André Breton

** Paul Fort

improvisation

ESQUISSES D’UN HOMMAGE





Le réel qui importe Se contente de l’esquisse De l’ébauche souriante

                                    André Ughetto





1

SON CORPS DE MOTS





Le poète a mis tout son cœur son corps de mots

épars sur les schistes Les doigts poisseux du bois

de pin L’aveu du sang La page d’une vierge

que l’on feuillette par hasard dans un recueil

dépenaillé Le poète ce fils de rien

les doigts encrés sur la présence agissante

de Phœnix fauve noir des poèmes premiers*





*var. derniers





Martigues 9 juin (ardente lyre) 2020





2





QUI SAIGNE SIGNE

le titre d’un livre d’André Ughetto

(Sud-Poésie Marseille 1990)





Qui signe saigne

C’est le signe du sens

et du non-sens

C’est le passage du Mat

sur la roselière

de nos rivières

La tienne la Sorgue

La mienne l’Arize

Qui saigne signe

Nos étranges morts

Phœnix en filigrane

Sur le papier qui frise…





(la suite manque)

Martigues 9 juin 2020





3





UNE VIE SOUS LE DON DE L’AMITIÉ





Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui.

                              Paul Ricœur





Écrites à nos mains, comment distinguer

dans nos écrits sur soi,

ce par quoi nous sommes faits

et ce qui nous défait ?





Le rouge est mis sur nos biographies

Toi André tu les dédies à Daniel, Yves,

Jean-Jacques (c’est un autre)

Marie-Christine (pas celle de Nougaro),

Anne-Marie, Christiane, et jusqu’à cette Sybille

qui finit cigale à Cumes.





Que de passes, passages peints,

comme écrivait Michel de Montaigne,

le seul ami que nous avons en commun.





Tes instants de vie bien à toi,

passent dans les fleurs, qui s’arrondissent en fruits

sur une toile de Madame Jaccottet.

Devant le tableau d’un autre,

tu fais état d’une joie « d’inconnaissance pure ».

Ce qu’un autre, en présence du jaillissement

des maîtres poètes-calligraphes de la Chine ancienne,

nomme « éloge de la confusion ».





Tu nais et renais, des images glanées dans un aéroport,

sur des ailes de papillons, mosaïques et jardins imparfaits.

Tu nais dans l’orchestra d’un théâtre antique,

arpentant les gradins, les travées d’une « une foule jeune »,

une folle messe de rôles échangés,

sur les scènes plantées à l’Isle sur la Sorgue,

ou à Ludlow, Shronshire.





(Ça je le recopie d’une de tes pages, bêtement,

comme si j’étais l’idiot de Shakespeare,

sans qui le Roi n’existe pas.)





Assembleur, assembler depuis les « pupilles du crime »,

jusqu’au « rapt de Proserpine »,

des chars du sinistre occupant, fuyant Charleval,

au vélo de Tati tournant ces « Jours de Fête ».

Assembleur, assembler « quercis suber » avec « Kether »

au sommet de « l’arbre séphirotique ».





J’en dis pas plus et je m’efface, invitant tout lecteur

et lectrice qui t’ignorent encore, à plonger sans retenue,

dans l’ouvrage qui vient de paraître,

« de temps en temps bien admirer est hygiénique ».





Martigues 10/06/2020 3 poèmes « en cours »





*André Ughetto (Le Nouvel ATHANOR)

Collection « POÈTES TROP EFFACÉS »

 » le luxe c’est d’avoir quelquefois sur l’épaule un perroquet »