La matière demeure et la forme se perd Ronsard La matière s’évapore et la forme persiste Caillois Ma manière d'écrire forme l’humaine matière Tu es celui Qui fait des vers Tirés des nuits D’Apocalypse Et tu es celle Qui fait des eaux D’où sort l’enfant Le nouveau-né Tu es un monde De voie lactée Mille soleils Dans ta cervelle Dansent des rêves Démesurés Tu es un livre D‘anthologie De lettres vives De fleurs séchées Tu as du mal Avec Satan Ça tend ça tangue Et ça déchire Tes feuillets d’encre Métaphysique Mais tu persistes Quelque part dans L’inachevé Afin qu’un.e autre Longtemps après Fasse des vers Renouvelés
Archives de l’étiquette : matière
LA CONFÉRENCE DES OISEAUX
agenda du 08 au 14/02/2021
Lundi 08/02/2021
7h51 « Ils étudient, théoriquement et expérimentalement, l’intrication, la non-localité et la décohérence, dans des systèmes d’une complexité croissante. » Alors que je finis de recopier cette phrase, pour le moins énigmatique, le smartphone entame son chant répétitif, faisant sonner l’alarme à l’heure prévue, me rappelant qu’il est temps de lever les doutes sur ma localisation et de dire adieu aux quantas. 8h01
Mardi 09/02/2021
7h25 Quand Dieu depuis belle lurette est mort et enterré, « rien n’aura eu lieu que le lieu. » Une formule qui clôt, en quelque sorte l’attrait pour le Romantisme, de Stéphane Mallarmé. Mais comme tous les déçus d’une cause, il exagérait. Le « lieu » est aussi ce monde ouvert sur une langue en perpétuelle recherche d’un temps, que nous aimons célébrer, pour « frères humains, qui après nous vivez, » ayant le cœur avec nous adouci. 7h36
Mercredi 10/02/2021
8h39 Jean-Claude Carrière qui vient de s’endormir pour le sommeil définitif, ne pourra plus, désormais, assouvir sa passion de lecture, que « les yeux fermés. » Je prose cette ligne, mélancoliquement, le livre dernier où il fait part de toutes ces expériences « Ateliers », sur mes genoux. La liste de ses rencontres et réalisation est infinie. Au cinéma et au théâtre. Cet été, stimulé par son livre, j’ai relu dans mon jardin La conférence des oiseaux, ce merveilleux poème d’un auteur de l’Inde du XII° siècle, que Carrière adapta pour son ami Peter Brook, mis en scène au Cloître des Carmes, en Avignon. Nous vîmes le spectacle tendrement avec mon épouse…et le cri des martinets, le 15 juillet 1979. 8h43
Jeudi 11/02/2021
8h37 Hésitant ce matin, je me rabats sur les deux textes écrits dans la nuit. Sur la page quadrillée, -mon cahier d’écolier-, une variation autour de la phrase de Roland Barthes « mon livre doit être considéré comme dit par un personnage de roman ». (R.B. par R.B.) Sur la page blanche des poésies, une mise en abyme de mes poèmes « postés » chaque jour sur le blog poésie mode d’emploi (depuis le 08/01/2006) . « Poèmes anthumes », comme il se doit. 8h45
Vendredi 12/02/2021
7h30 Cette nuit, pour reprendre le fil de mon agenda d’hier, j’ai calé. Mes braises n’ont pu embraser la page « vierge et vivace du bel aujourd’hui ». Le poème est resté dans sa « bouche d’ombre. » 7h35
Samedi 13/02/2021
9h15 -Ah ! bon, je croyais que « le dialogue des insectes » était une invention de ce bon Jean de la Fontaine.
-Tout le monde peut se tromper dit Miró, en dessinant des fourmis rouges avec des nervures de chèvrefeuille et des cigales à l’œuf qui dansent la rumba.
9h30
Dimanche 14/02/2021
5h00 Attention travaux. La matière des mots, des couleurs et des sons, sans cesse étirée, malaxée, mise en forme, manière de maintenir la petite flamme des arts, chercher ce qu’on ne peut trouver, mais « Sirène la mer haute, Contre tempête chante » (Philippe de Thann XII° siècle) 5h05

"Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman" R.B.
MATIÈRE POÉTIQUE
à Jean-Marie Corbusier
La matière poétique est inépuisable.
Dans les livres, hors les livres, dans nos corps, nos désirs de dire ce qui n’a pas encore été dit.
Tireli, Tire-là, Tire ta langue ma plume, ma pluplum tralala.
Je traverse l’espace de cette page, sur le chemin d’un écolier buissonnier qui s’imagine cueillant des fruits d’or, monter à l’arbre des métaphores, souffler sur les noms latins des plantes, marchant pieds nus dans les nues d’un poème mal fichu.
Malade de faire ses lignes de second degré, à ne montrer dans aucune école de créativité, sous aucun pré-texte.
Sauf celui de prétendre que la matière poétique est ce vieil océan que nulle écume des jours n’abolit.
(Une encyclopédie arborescente tâtonnante) texte en cours
QUAND LES MOTS RÉVERBÈRENT
Les mots réverbèrent entre eux,
ce sont matière et manière
d’une écriture.
Nerval se pend au réverbère.
Personne ne sait pourquoi.
Ce qu’il nous dit, parce qu’il l’écrivit,
c’est que le rêve était pour lui
une seconde vie.
Les mots réverbèrent et divaguent entre eux.
Mallarmé s’y complait :
« Rien cette écume, vierge vers
À ne désigner que la coupe. »
Écume des jours, coupe qu’on lève,
« pour des lèvres que l’air du vierge azur affame ».
Les mots réverbèrent et font l’amour
sur les murs de Mai 68,
Jouissez sans entrave,
Sous les pavés la page.
Les mots réverbèrent chez Verlaine, Paul-Marie,
en vers impair, son préféré :
« Sans rien en lui qui pèse ou qui pose ».
Les mots réverbèrent sur « la mourre,
jeu du nombre illusoire des doigts ».
« Et la girande tourne Ô nuit ô belle nuit ! »
(Apollinaire)
entame musicale « Astronomy Domine » Pink Floyd
COMMENT COMMENCER
Comment commencer
Ainsi
Ça se fait ligne à ligne
Sur le papier
Première page de ces carnets d’écriture
Où passent un peu de vie
Des mots choisis ou qui nous choisissent
Une forme sensible
Qui est notre maintien.
La manière, à l’écart,
De lire intensément
En écrivant.
Avec des ratés
Les fins de vies paisibles, cruelles ou burlesques,
Mais sans ratures.
Commencer, se renouveler, nettoyer les outils, prolonger
L’inflexion des voix chères qui se sont tues.*
*Verlaine