Faire quelque chose de rien et surtout Tout savoir suprême non-sens. Paul Valéry Je bûche des bouquins du temps d’Hugo, de Baudelaire Je ne suis rien, je le sais, mais je compose mon rien, avec un petit morceau de tout. Rien n’égale en longueur les boiteuses journées Quand…l’Ennui fruit de la morne incuriosité Prend les proportions de l’Immortalité J’ai de quoi avec ça m’occuper longtemps à ricocher à composer, à mon tour et depuis ma modeste place, une petite pièce, bribe, esquisse, écrites avec une insatiable curiosité. La poésie des mots venus de rien, Qui se languissent sur ma page ; Des mots qui boitent, Toc, toc, toc. (La poésie doit être faite par tous. Non par un. Pauvre Lautréamont, tic, tic, tic, tic.) La poésie des cris des martinets, que mon père appelait les faucilhs. Tout un poème, Troué d’un air d’azur Qui vire au noir Quand vient la mort.1 1 Noël Dorio (03/12/1912-03/12/199) Martigues 03/12/2021
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L’ÉTHIQUE D’UN POÈME
Os antiguos invocavam as Musas Nós invocamo-nos a nós mesmos. Alvaro de Campos alias Fernando Pessoa Les Anciens invoquaient les Muses Nous, c’est nous-mêmes que nous invoquons. de la vie de la mort de l’esprit et du corps naissance d’un poème de Rimbaud ma Bohème un pied près de mon cœur de Baudelaire aimer à loisir au pays qui n’existe que sur la page de l’Invitation au voyage Aimer et mourir Subsumer notre mort Dans la maison où souffle L’Éthique d’un poème : les mots pour le dire le sujet et ses hétéronymes le monde qui s’imagine
SONNET SUR LE MINUIT LUGUBRE
« Bien que ta tête, - lui dis-je, - soit sans huppe et sans cimier, tu n’es certes pas un poltron, lugubre et ancien corbeau, voyageur parti des rivages de la nuit. Dis-moi quel est ton nom seigneurial aux rivages de la Nuit plutonienne ! » Le corbeau dit : « Jamais plus ! » Le corbeau Edgar Alan Poe traduit par Baudelaire Sur la ligne de rhumb Vertige circulaire Rimes errantes Sur la noire aire Au vent affetuoso Des runes et des fuseaux Sur la ligne du rhombe Qui fait tourner le monde La peau du monde de l'homme méditant Sur le minuit lugubre Ses fleurs du mal qu’il élucubre À son bal tournoyant Pour prendre soin de sa Muse Voluptueusement
PRUDEMMENT « caute » (reprise du poème 1)
Je reprends le poème Mais c’est pas gagné Je reprends le suspens Prudemment caute Je n’ai nulle envie De me faire spoiler Je reprends Je reprise Je refais une blague À la page vierge Au lecteur hypothétique Je refais le coup Non de l’hypocrite lecteur baudelairien (mon semblable mon frère) Mais du lecteur blasonné… Fol lunatique Fol erratique (…par Rabelais) C’est peut-être pas la forme olympique Mais cette reprise m’a donné des idées (Prudemment Caute)* *c’est dans le sceau de Spinoza qu’on peut lire cette devise latine
ENIVREZ-VOUS ! (suite)
Cet enfer marchand
Tout s’achète Tout se vend
La fricassée de l’âme
Avec son automobile
Cet enfer marchant
Sur l’éducation et la santé
L’art et la créativité
Métamorphosant les individus
En consommateurs zombis
Cet enfer du Tout Économique
Et de leurs hommes de main
Thuriféraires offrant l’encens
Aux dieux de la Bourse
Et du Produit Intérieur Brut
Cet enfer qui te prive
Des ressources infinies
De ton for intérieur
Qui t’interdit de goûter
L’art vivant du théâtre
Où les paroles sont plus fortes
Que tes actes privés
Tes actes privés d’amour de vin
De poésie de liesse et de l’ivresse
Baudelairienne…Enivrez-vous
Pour ne pas être les esclaves martyrisés
Du Temps…et du discours marchand !