Je suis là dans la nuit
Je suis là cherchant
à éviter la venue
d'idées noires
Je suis là sans dormir
amusé de constater
mes vérités contradictoires
Je suis là façon belge
Norge Michaux Corbusier
Je suis là relisant les lettres
que m’envoya Philippe Jaccotet
Je suis là supprimant cette dernière affirmation
qui aurait l’air de faire la part trop belle
à ma petite personne (au sens premier)
Je suis là faisant une lettre destinée à la mort
avec la pointe fine de mon stylo
fin comme un bec d’oiseau :
Chère amante, J’espère que vous mettrez le plus de temps possible à venir me rencontrer, mais nonchalant de vous, vous pouvez venir me visiter quand bon vous semble.
Je suis là dans la nuit qui progressivement vire de noire à blanche
Je suis là privilégiant mes petites histoires aux grands récits
Je suis là rêvant de Mimi Pinson qui tant m’en fit
Je suis là pour en finir avec les cris et les rires qui jalonnent cet écrit
Tag Archives: blanche
BLANCHE PAGE
Chaque nuit dans mon lit entouré de murs blancs, de livres et de papier à lettres, je refais, par intermittence, le monde…porté par l’incandescence, l’effervescence du dedans (le for intérieur) et l’ivresse d’une écriture clandestine…celle d’un nomade sédentaire qui dans le désert plante une nouvelle tente…montée, démontée, remontée…blanche est la nuit, blanche est la page qu’il convient chaque nuit de réinventer…

Blanche bel et bien blanche On croit que c’est une nouvelle page Mais c’est toujours la même Que l’on farcit De ces lignes caractéristiques Qui flottent Chimères ou souffle rauque Comme le suggère le poète d’El Desdichado Blanche magie sur ce dimanche Que l’on commence -juste après minuit- par cette page Offerte à ceux et celles Qui font de leurs rêves Une seconde vie Dimanche 26/09/2021
J’ÉCRIS opus 3
L'homme écrit sur du sable Moi ça me convient bien ainsi L'effacement ne me contrarie pas À marée montante je recommence Jean Dubuffet
J'écris noir sur blanc avec beaucoup de blancs dont j'ai besoin pour écrire un poème J'écris sans hésiter mais si lentement que quand je me décide j'ai éliminé ce qui m'était venu à l'esprit d'emblée J'écris dans la nuit blanche des poèmes antérieurs à toute écriture comme un chant itinérant J'écris d'un lieu à l'autre allongé dans le hamac le lit marchant dans les Andes péruviennes J'écris devant le lac Titicaca et sur la pierre du soleil de Machu Picchu J'écris avec le pinceau de Mi Fu c'est le va et vient du souffle qui fait que trait est gros ici et maigre là J'écris maigrelet des formes et des lignes esquissées esquisitas (délicieuses) J'écris en noir de Chine' des phrases sans mots Dessinant sans que je m'en mêle mes hypnographies

APRÈS LA PAGE BLANCHE
Après la page blanche une autre page blanche
Effronté comme un page Sous les pavés la plage
On devient chocolat en faisant poésie
Après la page blanche le coup de dés fatal
Un poème de deuil après le dur cancer
vainqueur On devient fou À tort et à travers
On crie sur le papier On rend ce crâne vide
à son rire éternel On redit Valéry
au cimetier’ marin où picorent les focs
Sur cette blanche page qui s’irise de gris
Un non-sens verlainien sur l’ardoise indécise
Proche du pur zéro et d’un poème toc
Après la page blanche une autre page blanche
C’est la tienne lecteur grognard de poésie
Qui poursuit impassible le déni de sa mort
L’écriture d’un vers qui te fait chocolat
Ah ! ah ! les vibrations du vieil alexandrin
Jusqu’à ce derniers vers…inachevé pardi !
25 mai 2021
À la mémoire de Josiane Dorio (10 avril 1952-25 mai 2014)
J’AI ÉCRIT BIEN DES POÈMES ÉTERNELS
J’ai écrit bien des poèmes éternels
Qui occupent astheure mes pages vides
Je les feuillette mélancoliquement
J’imagine comment la page blanche
Naguère les fit chanter
Une ruse que m’apprit une chamane de Goajira
Que je vis dialoguant avec un arbre tóluichi
Comme s’il s’agissait d’une personne :
-Ça parle dans ma tête, me disait-elle.
Toi qui sais écrire tu le fais sur ton papier,
Mais c’est comme un acte manqué, non ?
-Mais non, tu sais, le papier comme un esprit
de ton Monde Autre,
parfois me répond…
C’est ce que naïvement je disais à Setuuma Püshaina
Avant que ne s’effacent les pages
De mes poèmes éternels
évocations :
une chamane de Goajira : Venezuela (1970)
l’arbre « tóluichi » : voir « pithecellobium »
06/02/2021