« Marine le matin » Guy Toubon monotype acrylique (11,5×14 cm)
À Guy Toubon
Je lis, au dos d’un carton, « monotype » original, dont m’a fait don mon ami T, « Salut l’artiste ! » (sic),
mais je ne sais pas, à vrai dire, à quelle part du « moi », ce « salut » est adressé.
« Al otro, a Borges », me souffle malicieusement le maître incontesté (formule un peu creuse, non ?), du dédoublement.
Je me hasarde alors, imitant l’auteur de Ficciones, d’écrire que de cet autre (Dorio, en l’occurrence), j’ai des nouvelles par courrier postal (rarement, mais toujours tout de même) et par courrier électronique, « le courriel » de nos amis québécois, quotidiennement.
« Salut l’Artiste », c’est tout un poème, un jeu avec le « je », qui persévère, dans une fugue, en contrepoint, d’un « moi » massif et quelque peu ridicule, passé à la moulinette de métaphores qui ne sont dans aucun dictionnaire.
Je ne sais pas, pour terminer par une note borgésienne, lequel des deux, de « moi-même » ou de l’Artiste, a écrit ce feuillet d’un hiver où les vrais « artistes », pour cause de maladie contagieuse, n’ont plus voix au chapitre.
Archie Shepp – Tenor sax Jeanne Lee – vocal Chicago Beau / Julio Finn – harmonica Dave Burrell – piano Malachi Favors – double-bass Philly Jo Jones – drums
Dessous de table et du destin.À un détail près,Déterrer les vieilles histoiresN'est pas bon pour la santé.Au détour d'une fiction de Borges,On allume la lampe d'argile de l'imagination,et l'on se retrouve sur une planète née de "la conjonction d'un miroiret d'une encyclopédie",
parcourue seulement par dix-sept lecteurs-lectrices comprises.Devises de père en fils :Jean Marot, Rhétoriqueur :Ni trop ni peuClément, Prince des poètesLa mort n'y mordDévoiler, agiter ses mots, éloigner ses maux,comme un beau diable.Dictées de nuit. Je n'écris jamais ce que me dicte la conscience passée.Ni la bouche d'ombre.Mon dictionnaire à part moi, ignore l'ordre de l'alphabet.Ma plume s'arrête là, faute d'espace,mais nous n'avons pas fini tous deux,de nous étonner.
J’avais oublié que mon père, « le dernier des paysans », dont Mai68 fut le Front Populaire, lisait une fois par semaine La Terre, « l’organe » du parti communiste. Bien que socialiste sa vie durant, jusqu’à l’apothéose de Mitterrand, qui lui avait touché la main dans la ville de Foix, il n’avait pas pu refuser de s’abonner à l’hebdo de Waldeck Rochet, proposé par l’unique communiste du village, un pur, toujours serviable et généreux. Moi, j’avais 3 ans, quand Jose Cabrebra Arnal (merci Wikipedia) créa Pif le Chien.
Mais dès que je fus en capacité de le lire ce fut ma bible du jeudi, notre jour sans école.
MÉMOIRE
Cette nuit elle m’échappe, mais je la rattrape à la frontière du mot et de la chose.
BORGES
Borjès, non ?
MINUIT
Round Midnight, ma pièce de musique, toute catégorie, préférée. On peut y ajouter une pincée de voix, version Bobby Mc Ferrin, avec Herbie Hancock au piano, Ron Carter, bass, et Tony Williams, drums.
« Autour de Minuit », titre parfait.
J’écris ceci à une heure cinq, exactement. J’ai un peu dépassé la limite, non ?