POÈME NE NAÎT PAS D’UN DON

manuscrit avec en vis à vis des signes tracés comme en hypnose




Poème ne naît pas d’un don

À Dieu je n’en fais reproche

Lui-même est le songe insensé

Sorti d’une encyclopédie

D’aveugles poètes impies





Poème naît d’effacement

De longue errance dans les livres

D’un moi pluriel qui réalise

L’alliance de Mémoire et d’Oubli

De métaphores vives et d’ironie





Ce poème s’est tissé en égrenant les lignes

De « poema de los dones »,

Une aimable fantaisie

Dont les dons, un à un,

Se magnifient et s’annihilent.





C’est Borges qui me l’a écrit.





17/01/2021

SALUT L’ARTISTE !

« Marine le matin » Guy Toubon monotype acrylique (11,5×14 cm)




À Guy Toubon





Je lis, au dos d’un carton, « monotype » original, dont m’a fait don mon ami T, « Salut l’artiste ! » (sic),

mais je ne sais pas, à vrai dire, à quelle part du « moi », ce « salut » est adressé.

« Al otro, a Borges », me souffle malicieusement le maître incontesté (formule un peu creuse, non ?), du dédoublement.

Je me hasarde alors, imitant l’auteur de Ficciones, d’écrire que de cet autre (Dorio, en l’occurrence), j’ai des nouvelles par courrier postal (rarement, mais toujours tout de même) et par courrier électronique, « le courriel » de nos amis québécois, quotidiennement.

« Salut l’Artiste », c’est tout un poème, un jeu avec le « je », qui persévère, dans une fugue, en contrepoint, d’un « moi » massif et quelque peu ridicule, passé à la moulinette de métaphores qui ne sont dans aucun dictionnaire.

Je ne sais pas, pour terminer par une note borgésienne, lequel des deux, de « moi-même » ou de l’Artiste, a écrit ce feuillet d’un hiver où les vrais « artistes », pour cause de maladie contagieuse, n’ont plus voix au chapitre.





16/01/2021

LES RUMEURS DE LA BIBLIOTHÈQUE

6 hypnographies

LES RUMEURS DE LA BIBLIOTHÈQUE





                Je laisse derrière moi les rumeurs de la place et j’entre dans la Bibliothèque.

               D’une manière presque physique je ressens la gravitation des livres, l’espace serein d’un ordre,

                    le temps disséqué et conservé comme par magie.*





                                          BORGES (préface de El Hacedor) 9 août 1960

                                                       ma traduction du 04/09/2020





   À demi-endormi je feuillette mon cerveau

où nichent les images des livres lus aujourd’hui

    Multiples colorées métaphoriques

et non blasé comme me le souffle

   avec ses musiciens le divin diable Archie Scheep





    « Matières de rêves »

et passion bruissante de ma bibliothèque

    entourée d’êtres chers et précieux

que leur Odyssée personnelle

     m’incite à prolonger  





      Et à modifier

Tant la rumeur des livres

      peut nous rendre audacieux

en nous jetant sur les chemins

      d’un but ignoré…





      * Los rumores de la plaza quedan atrás y entro en la Biblioteca.

De una manera casi física siento la gravitación de los libros,

 el ámbito sereno de un orden, el tiempo disecado y conservado magicamente.

strong>Archie Scheep <em>Blasé</em></strong>

Archie Shepp – Tenor sax Jeanne Lee – vocal Chicago Beau / Julio Finn – harmonica Dave Burrell – piano Malachi Favors – double-bass Philly Jo Jones – drums

Paris, August 16, 1969

DESSOUS DE TABLE ET DU DESTIN

tel quel dans la nuit du 12/07/2020
Dessous de table et du destin.
À un détail près,
Déterrer les vieilles histoires
N'est pas bon pour la santé.

Au détour d'une fiction de Borges,
On allume la lampe d'argile de l'imagination,
et l'on se retrouve sur une planète 
née de "la conjonction d'un miroir
et d'une encyclopédie",
parcourue seulement par dix-sept lecteurs-
lectrices comprises.

Devises de père en fils :
Jean Marot, Rhétoriqueur :
Ni trop ni peu
Clément, Prince des poètes
La mort n'y mord

Dévoiler, agiter ses mots, éloigner ses maux,
comme un beau diable.

Dictées de nuit. 
Je n'écris jamais ce que me dicte la conscience passée.
Ni la bouche d'ombre.

Mon dictionnaire à part moi, ignore l'ordre de l'alphabet.

Ma plume s'arrête là, faute d'espace,
mais nous n'avons pas fini tous deux,
de nous étonner.




ROUND MIDNIGHT

UN DICTIONNAIRE À PART SOI


LA TERRE

J’avais oublié que mon père, « le dernier des paysans », dont Mai68 fut le Front Populaire, lisait une fois par semaine La Terre, « l’organe » du parti communiste. Bien que socialiste sa vie durant, jusqu’à l’apothéose de Mitterrand, qui lui avait touché la main dans la ville de Foix, il n’avait pas pu refuser de s’abonner à l’hebdo de Waldeck Rochet, proposé par l’unique communiste du village, un pur, toujours serviable et généreux. Moi, j’avais 3 ans, quand Jose Cabrebra Arnal (merci Wikipedia) créa Pif le Chien.

Mais dès que je fus en capacité de le lire ce fut ma bible du jeudi, notre jour sans école.

MÉMOIRE

Cette nuit elle m’échappe, mais je la rattrape à la frontière du mot et de la chose.

BORGES

Borjès, non ?

MINUIT

Round Midnight, ma pièce de musique, toute catégorie, préférée. On peut y ajouter une pincée de voix, version Bobby Mc Ferrin, avec Herbie Hancock au piano, Ron Carter, bass, et Tony Williams, drums.

« Autour de Minuit », titre parfait.

J’écris ceci à une heure cinq, exactement. J’ai un peu dépassé la limite, non ?