DOUCE DOULEUR





De la douceur





Peut-être est-ce dû

au milieu qui m’entoure :

le bois de pin en surplomb

d’un étang aux mille reflets

et ce mur antique

en grand apparat*

sur lequel je me suis adossé





Tout élément

Qui aussi bien

Aurait pu me faire écrire





De la douleur





*formule des archéologues

poème écrit sur l’oppidum de Saint Blaise

commune de Saint Mitre les Remparts

LA POÉSIE N’A PAS DE PRIX





En ce monde étiré, parcouru en tous sens, volubile et affairiste,

la poésie survit, langue de sable, déploration surannée, etc.

Gaston Puel





I

La poésie n’a pas de prix

Elle se donne pour rien

hors des marchands

des cuistres et des théoriciens

qui se font mousser

avec les mots des insurgés

II

La poésie n’a pas de prix

C’est un peu d’air qui est passé

sur cette colline sur cette rue

ce ru de figures invisibles

qui bouillonnent

moitié  pierre moitié écume

III

La poésie n’a pas de prix

Trésor caché des nuits

Elle lève ses barricades mystérieuses

au carrefour des rêves

et des réalités

IV

La poésie n’a pas de prix

inadaptée à ses marchés

où ceux qui inscrivent « poète »

sur leur carte d’identité plastifiée

troquent l’or du temps

pour leur petite monnaie de signes

V

Innocente dérangeante pauvre et sans prix

Poésie n’est pas un nom facile à porter

Elle est pourtant – toujours – l’humaine mesure

Un cami compartit Un chemin partagé

Qui relie maille après maille ses lecteurs dispersés

Joie et douleur mêlées dans un simple poème

Qui ne fait que passer