COMME UN TABLEAU NOIR





Comme un tableau noir de l’école communale

Le grand art enfantin à coup de craies plus blanches

Qu’un fond de Constellations de Joan Miró





Des étoiles de roses d’un sonnet de Ronsard

Étouffées par la mort qui nous a laissé choir

Un souffle un presque rien le cycle recommence





Comme ce tableau noir suscitant l’enjouement

Étude des trilles des vols d’engoulevent

Bestiaire des faucons hagards et crécerelles





Comme des lignes de naissances successives

Les sillons nouveaux les mottes luisantes les vers

Attirant les merles et les bergeronnettes





Les travaux et les jours la palette des nuits
Le temps est à la neige efface ce poème

Qui sautait à la corde d’un temps qui s’est perdu





05/01/2021

manuscrit + hypnographies

LE CORPS D’UN POÈME

manuscrit premier jet 18/09/2020




LE CORPS D’UN POÈME





C’est de l’or et du purin

Le sable fin des pavés

La Commune utopique

Le sang versé par les Versaillais





C’est ma communale

Mon école accordéon

Des apprentissages rêvés

Et d’une vita nova





C’est ce qu’il nous faut creuser

Malgré tous nos déboires

Cherchant à y voir clair

Face à ce qui se dérobe*





Maintenir nos petits dispositifs

Qui font de l’écriture d’un poème

Mille ajustements créatifs

Où le corps en action

Élève notre esprit





*Henri Michaux

poème écrit ce 18 septembre de l’an 2020

LA MAISON D’ÉCOLE

UN DICTIONNAIRE À PART MOI
(enfance...suite)

la maison d’école

l’école était au centre du village grande bâtisse imposante dont je ne me suis jamais demandé qui l’avait faite construire par qui et pour qui – regrets tardifs – maison d’école réservée aux couple d’instituteurs qui occupaient les pièces du premier et aux élèves dans les salles du bas – petites classes à gauche dirigées par la maîtresse Madame G. ou Madame D. et grandes classes à droite mais salles séparées où officiait son époux Monsieur – c’étaient des maîtres quasi sacrés des « régents » en occitan réjints – pour la prononciation –  quand je les rencontrais enfant je n’étais pas tranquille – disons – je levais mon béret, je formulais distinctement bonjour monsieur – plus prosaïquement nos instits étaient gavés de victuailles venues des tueries de cochon du vin des vendanges des lapins poulets pour mes parents et des produits du jardin bien que nos régents issus eux aussi de parents paysans savaient cultiver le leur – un jardin leur était attribué –

comment j’appris ou je n’appris pas à lire

l’école était la priorité des priorités le lieu d’où sortait le savoir le vrai mis à part le bran rabelaisien que j’ai plus haut évoqué (pas ici) j’y entrai pour des raisons plus nobles comme un phénomène – déjà je savais lire avant de commencer ! –  en réalité j’avais appris par cœur un petit livre où je m’assimilais à un ours tournant les pages au moment opportun mon grand-père Vidal me l’avait peut-être enseigné un de mes premiers souvenirs d’enfance est celui de sauter sur ses genoux entraîné par ce cheval imaginaire – ahi ! coco ! – qui me faisait passer du pas au trot et du trot au galop au galop et tout ça avec le bruit des sabots en bois avec des lanières de caoutchouc – quant te coustéron les esclops quand eron naous – combien t’ont coûté tes sabots quand ils étaient neufs

JE ME SOUVIENS DE MON ÉCOLE





Je me souviens des dictées et des coups de règle

sur la tête ou les doigts

Je me souviens de Chalureau

qui se mordait la paume des mains

pour ne pas prendre le fou rire

Je me souviens de la règle de trois

Je me souviens du dessous obscur de l’escalier :

il servait de réserve de bois pour l’instituteur

et de cachot pour écolier récalcitrant

Je me souviens du jeu de barre dans la cour

où nous criions comme des perdus

Je me souviens des tabliers noirs

Je me souviens des pupitres

avec leur trou pour l’encrier

Je me souviens des plumes gauloises

et de la sergent major

Je me souviens de madame Sert

et de messieurs Géraud et Dinat

Je me souviens que l’on soulevait le béret à leur passage

Je me souviens de mes copains Riri et Jojo

Je me souviens de Bernadette et de Marité

Je me souviens des leçons de choses

sur l’escargot ou l’araignée

Je me souviens du poêle et de la bûche

que l’on apportait les matins d’hiver

J’entends encore la voix du maître qui nous intimidait :

Et je ne veux pas entendre une mouche voler ! 

Je me souviens des fables de La Fontaine

et du poème quotidien

que l’on récitait debout en nous balançant

Je me souviens de mon école

L’ENFANT POÈME

 Ça sort pas toujours d’un enfant
un poème
D’un bébé à la bouche d’escargot
un poème
D’un enfant de poche dans un livre
de poèmes
L’enfant du petit cheval
Qui fait tourner le manège
des poèmes
Dans la maison d’école
Où on récitait chaque matin
nos poèmes
Que l’on traçait avec nos bâtons
et nos craies
Un poème
Où l’on écrit toute sa vie son nom :
LIBERTÉ
 
 
manuscrit premier jet