VIENI ORFEO VIENI

Vieni Orfeo vieni con lei
Al piccolo cimitero de campagna

Andrea Zanzotto

Viens Orphée viens avec elle
Dans le petit cimetière de campagne


Je lis me précipite et m’éparpille
Les yeux entrant dans les pages bilingues
Des langues latines

Italien portugais espagnol catalan
Et cet occitan que j’entendis enfant dans ma cuisine
Quand un ami paysan venait visiter mon père
Mais que je n’eus pas le droit de parler
Puisqu’on pensait qu’il contaminerait
La langue apprise à l’école de la République

Vieni Orfeo vieni
Vient me régaler
De ses frôlements langagiers
Glossolalies amuïssements amusements
écarts 
 nel terreno stesso del vagare
(sur le terrain même de l’errance)
Où personne n’empêche plus le bambin aux cheveux blancs
De batifoler 
Avec Orphée 

JE NE SAIS POURQUOI





Je ne sais pourquoi j’ai perdu mon poème
Toute une page allant sur les pas d’Orphée
Qui soudain s’efface et disparaît

Je ne sais pourquoi je n’en ai nul regret
Je n’ai nulle envie de touiller ses cendres
De le transformer en poupée fétiche

Mon poème égaré enfoui sous le sable
Apoème écrit à l’ombre d’un pavé
Vulgairement parlant à présent je m’en fiche



je ne sais pourquoi carte manuscrite
carte recto hypnographies je ne sais pourquoi 10,5×14,8 cm

LES DEMOISELLES DU TÉLÉPHONE





TÉLÉPHONIE

Tâtonnant dans la nuit, je quitte le bureau de poste où la voix aimée de Grand-Mère ne répond plus.

Ou bien, je crois entendre, mon oreille collée au récepteur, Orphée, répétant le nom de sa morte.

En paraphrasant ainsi, l’auteur prodigieux de la Recherche, je réinterprète alors, cent ans après, la partition des Filles de la Nuit, Messagères de la Parole, ces Demoiselles du téléphone, divinités sans visages.

Sans aucun affect, leurs voix volontairement douces, mais devenues, avec le temps, impitoyables, répètent ad libitum : « Il n’y a plus d’abonnée, au numéro que vous avez demandé. »





« TA PAUVRE VOIX BRISÉE MEURTRIE »…ainsi le narrateur fait l’amère expérience des premières communications transmises par la voix de sa divine mère, au téléphone.

Alors qu’en lui écrivant une lettre, elle savait cacher en une forme maîtrisée, ses joies et ses peines, elle ne peut, en revanche, parlant au bout du fil, donner le change ; sa voix brisée, vaincue, traduit (trahi), la perte insupportable de celle qui l’engendra et l’accompagna, intimement, tout au long (cours) de sa vie.

Et en effet, dans ces cruelles circonstances, cette voix (trop) lointaine, sans le secours du visage aimé à proximité, les caresses de ses yeux, nous glace.

À l’inverse et pour ma part, je n’ai pas oublié le beau visage ridé de ma grand-mère, assise au coin du feu (le cantou),  qui me racontait son passé, vivifié par ma présence, me donnant l’illusion que cette voix singulière, ne serait jamais perdue comme, paradoxalement, ces voix sans personne, que proposait Jean Tardieu, entouré de ses amis poètes, au Club d’essai, l’émission d’une radio libérée en 1945 (la date de ma naissance, couchée sur le livret de famille).





(Un dictionnaire à part moi : deux textes en cours)

AIMER LA POÉSIE





Aimer la poésie…

et tout le reste est littérature

 Aimer Orphée

le luthiste apollinaire

 Aimer le rythme

la chanson des neuf cordes

Comme s’il y avait

une beauté du monde

qui vient et va

et que traduit

– tant bien que mal –

la mélodie contrariée

de ce poème





AIMER L’UTOPIE

AIMER ALLER ARTISAN ASTÉROÏDES AUJOURD’HUI BABELS BOOMERANG BIOGRAPHIE BLOG BOURRU CARNETS CHEMIN CHUTES COUTEAU  DANGER DÉDICACES DIABLE DORIO EFFLEURER ÉNIGME ESSAI EXIL FANTAISIE FÉTUS FRAGMENTS FRONT GAMMES GNANGNAN GRAINS GRATUIT HAÏKU  HOCHET MANIÈRES MARTIGUES MÉMOIRE MOINEAU MORT MYTHES NON-DIT   PAIX PALET PALIMPSESTE PARADIS PARADOXE PASSAGERS PASSER PASSEUR PENSER PHRASE POÈME POÉSIE POÈTE POINÇON POLYPHONIE PUCES QUE SAIS-JE RATÉ RÉALITÉ ROSIER SABLE SILENCIAIRE SOUFFLEUR SUJET TEMPS TRACES UTOPIE

JEAN JACQUES DORIO





TÂCHONS D’Y VOIR CLAIR

Plutôt que de soutenir ce que l’autre rejette

 et de rejeter ce que l’autre soutient,

tâchons d’y voir clair.





Tchouang Tseu

(traduction JF Billeter)





PASSAGERS ÉPHÉMÈRES

Passagers éphémères de la planète Terre

Ronde du temps où nos pas sont comptés


Mais le lecteur qui aime les poèmes

Prolonge leur danse et leur durée

doriojeanjacques@gmail.com


	

C’EST UN GROS POÈME

tel quel 07/06/2020 3h du mat nb Eurydice devenue involontairement Euridyce m’a déjà pardonné
C'est un gros poème mais penchant plutôt  côté  prose
C'est le marker à grosse pointe qui l'a écrit
C'est un poème lourd de l'esprit d'un rêve pas marrant
Bien que la vérité sortant du puits d'Oedipe 
Ça ne m'a jamais fait prendre mon pied 
C'est un poème d'Orphée qui ne se retourne pas
et pour cause
Son Eurydice l'a précédé quand ils sortaient des Enfers
C'est un poème d'amoureux éternels

(question aux lecteurs 
lequel préférez-vous
du poème premier à la main 
ou du second au clavier

question subsidiaire :
et votre "gros poème"
si vous l'écriviez :
qu'est-ce qu'il donnerait?)



diction
Dorio
et la voix lointaine
mais belle et grave
de Montserrat Figueras
07/06/2020