DANS LE HAMAC 23 VERS PAR RACCROC





Brisez les cadres avant que les cadres ne vous brisent !

Gaston Bachelard





Babil Babel Soleil naissant

Quand l’Alouette

De joie s’oublie aux rais

Puis plombée par un méchant chasseur

Va tomber dans la poussière de l’azur





Les faux beaux jours ont fui

O ma chère pauvre âme

On dirait du Verlaine

Mais c’est du seul Dorio

Se balançant

Dans son hamac tissé de mythes

Et de poèmes de hasard





Dans ce lieu de Provence maritime

Où le vent ce matin

Lui dicte ces vers par raccroc





Profitez de chansons

Quand Amour est présent

Profitez de la pomme

Jusqu’au dernier pépin





La première mésange

Joue sur l’abricotier

La vie est éphémère

On n’y voit que du bleu

hamac des mythes et des vers par raccroc

LA PREMIÈRE CIGALE

espontaneo

LA PREMIÈRE CIGALE





Cigarra dichosa tú     Federico García Lorca





La première cigale me remue le cœur

Tu n’es plus là pour partager cet instant précieux

qui ouvre une nouvelle saison d’été

Mais que tu ne sois plus là

N’ôte en rien le fait que tu as été

Ma main l’écrit et à ma manière

te métamorphose

En cette cigale qui sur mon olivier

Marie l’éphémère à l’éternité





mardi 23 juin 2020 10h du matin

cigale timide et voix de l’auteur

KRAFTPAPPER OU LA FORCE DU PAPIER

UNION DES CONTRAIRES

Union des contraires

Je parle en faisant mes caractères muets

Je parle dans ma tête comme d’autres parlent au papier

Le mien d’ailleurs comme tu peux le constater n’est pas blanc

C’est du kraftpapper : littéralement, mot suédois, « force du papier ».

Le mien est cependant force tranquille, un doux bruit, traçant comme un esquif.

C’EST UNE AUTRE PAGE

C’est une autre page

Bien posé sur ton oreiller, au lieu de tourner, retourner,

cherchant dans le noir le sommeil,

Tu bénéficies des lueurs de ta lampe

Tu essaies en premier lieu de tenir ferme le stylo des signes inédits

que personne d’autre que toi n’est capable de tracer

(Ce n’est qu’un constat amusé, tu ne t’appelles pas Flaubert qui prétendait

que pour faire de la Littérature comme lui, il fallait « se monter le bourrichon »)

Des traces et un élan que tu prolonges par un festival de mots

Guirlande de tes rêves provoqués

BON JOUR BON SOIR BONNE NUIT

Bon jour Bon soir Bonne nuit

Je te souhaite bon jour de fête

Une école grecque encourageait ses disciples

à faire fête pour chaque jour vécu

Même dans la perte et la défaite

Te deseo buena tarde

Ces soirs de rambla ou de paseo

où avec mon Andalouse

nous promenions main dans la main

dans la rumeur bienfaisante

du farniente

Et pour la nuit déjà

Tu l’entends la redoute

Mais non Vois tes petits actes créatifs

ont desserré ses nœuds

Elle scintille

« Nuit étoilée »

23/06/2020

2h22-2h45

UN DICTIONNAIRE À PART MOI

	

CHOSES VUES LUES ENTENDUES RAPPORTÉES PAR L’ÉCRIT

Je suis Hugo en 1830

Je ne dors pas. Je suis Hugo en 1830. On joue son Hernani, on siffle tous ses vers. « Empêche-t-on l’arbre de verdir, en en écrasant un bourgeon ? ».

Je me promène ce 12 mai, dans un Paris, où l’on entend des fusillades. Des émeutiers, dont quelques ouvriers en blouse et face à eux des troupes de gardes nationaux.

Rue Vieille du Temple

Rue Vieille du Temple, je me souviens de l’été 2007. Je la voyais en surplomb, depuis un immeuble, dont le dernier étage était occupé par un ami, qui nous l’avait prêté avec ma fille en train de passer ses oraux pour entrer à l’École Normale.

Depuis ce lieu, moi aussi, j’écrivais à ma manière « choses vues », entendues, notant aussi, à la Perec, les autos, les passants, les incidents de l’infra-vie.

c’est le premier jour de l’été 2020

Toto, durant l’émeute, est partout, sur les boulevards, au Temple, à la Porte Saint Martin. C’est dimanche et les promeneurs sont mêlés à l’infanterie. Puis, à une heure du matin, le voilà dans les petites rues du Marais, repassant dans la rue Vieille au temple, « elle est noire comme un four, les lanternes y ont été brisées. »

Je referme Choses vues (1830-1846), et pose le livre à mon chevet. Avant de me rendormir, je me remémore ces deux vers des « rayons et des ombres » : « Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure, Semble toute la nuit errer au bas du ciel ».

Quand l’aube viendra tout à l’heure, ce sera la première de l’été 2020.





"un dictionnaire à part moi"
patchwork in progress