Un site qui n'en finit de planter des arbresRéels imaginairesvivifiantsQuand je l'explore je m'y perds Et me retrouve baron perchéOu esprit animal du monde autreSautant de branches en mythesQuand l'arbre se renverseRacines dans la nueJe redeviens enfantLa graine inconnue
Je ne dors pas. Je suis Hugo en 1830. On joue son Hernani, on siffle tous ses vers. « Empêche-t-on l’arbre de verdir, en en écrasant un bourgeon ? ».
Je me promène ce 12 mai, dans un Paris, où l’on entend des fusillades. Des émeutiers, dont quelques ouvriers en blouse et face à eux des troupes de gardes nationaux.
Rue Vieille du Temple, je me souviens de l’été 2007. Je la voyais en surplomb, depuis un immeuble, dont le dernier étage était occupé par un ami, qui nous l’avait prêté avec ma fille en train de passer ses oraux pour entrer à l’École Normale.
Depuis ce lieu, moi aussi, j’écrivais à ma manière « choses vues », entendues, notant aussi, à la Perec, les autos, les passants, les incidents de l’infra-vie.
Toto, durant l’émeute, est partout, sur les boulevards, au Temple, à la Porte Saint Martin. C’est dimanche et les promeneurs sont mêlés à l’infanterie. Puis, à une heure du matin, le voilà dans les petites rues du Marais, repassant dans la rue Vieille au temple, « elle est noire comme un four, les lanternes y ont été brisées. »
Je referme Choses vues (1830-1846), et pose le livre à mon chevet. Avant de me rendormir, je me remémore ces deux vers des « rayons et des ombres » : « Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure, Semble toute la nuit errer au bas du ciel ».
Quand l’aube viendra tout à l’heure, ce sera la première de l’été 2020.