LE TEMPS VRAIMENT COMMENT Y CROIRE ? Ce 22 septembre je me gratte les tifs Au diable vous partîtes chantait Brassens en 1964 Un autre jour le 22 septembre 1947 je naquis me dit l’ami André Et cette année 2023 c’est le pompon : l’automne a du retard et ne se manifestera que demain le 23 à 8 heures 49 minutes 56 secondes Une pie passe se pose sur la cheminée de la maison voisine hoche la queue au vent frisquet Le temps de l’écrire et elle a disparu Pendant tout ce temps j’avais en tête la Suite pour flûte traversière et basse continue d’un certain Michel de la Barre qui se termine par une gavotte (septième mouvement) intitulée La Thérèse
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UN TEXTE À REMBOBINER
Pâle lune du matin semblable à une méduse Je note l’image sur mon carnet avant de me rendormir La nuit fut voyageuse en des mondes d’Odyssées Les pérégrinations d’Ulysse Les merveilleuses découvertes d’Alice Le mythe du chemin des Indiens morts recueilli par Compère Perrin 1
Avant de m’assoupir j’ai eu le temps de raviver les braises d’un feu de branches soutenu par quelques souches de mon olivier qui n’a pas résisté à la sécheresse de l’été J’ai revu ce faisant le foyer de la forge où le maître des lieux (« le faouré ») préparait les fers rouges puis blancs, afin d’en chausser les bœufs tenus par des sangles au « Travail » Ça sentait la corne brûlée, non la corne de brume d’où émerge mon radeau de survie de l’imagination poétique : épilobe, oxalide, phalaris, trois mots rares épinglés pour les écrire à l’encre de Chine sur un papier bible, fin comme le papier cigarette que j’achetais naguère en demandant au buraliste : un Job s’il-vous-plaît.
Il était pauvre comme Job, elle a remis sa rob C’est l’évocation de ce pauvre vieux assassiné dans la chanson du père Brassens parce qu’il n’avait pas un sou vaillant à donner « à une de vingt ans » dont il avait demandé les faveurs Assassiné Assassinat Ah ! Ça ira ça ira ça ira dit la Carmagnole, une femme qui haïssait Madame Véto Les neuf muses, seins nus, chantaient la Carmagnole Un retour de printenps pour une Révolution commencée dans la Joie terminée dans le Sang des têtes tranchées
Mon texte lui aussi est en train de perdre sa tête filant son mauvais coton Un bon prétexte pour le boucler mais sans se défiler Il t’appartient lecteur de réenrouler la bobine
1 COMPÈRE PERRIN : COMPADRE
Avoir pour ami un « ethnologue, directeur de recherche au CNRS, enseignant à l’EHESS, dont les travaux portaient sur la mythologie, le symbolisme et le chamanisme (entre autres) » et qui m’envoya, sitôt sortis, tous ses livres, m’a permis de lire une abondante littérature spécialisée. Il est vrai, qu’au début il lui arrivait de me dire les indiens nous pardonneront, phrase à méditer, mais qui, en l’occurrence, rappelait les liens personnels que nous avions tissés, « sur le terrain », allant tous les deux au printemps 1971, à la rencontre de nos premiers « sauvages », les indiens « Panarés » vivant principalement dans l’état Bolivar du Venezuela. Ils nous avaient accueillis alors que, en train de danser et chanter, ils pratiquaient le rituel de la récolte de la canne à sucre.
Cette nuit, je consulte son « dictionnaire comparé de Sciences Humaines » (écrit à quatre mains), qui au fil des pages me donne l’étrange sensation d’être à mon tour ce sauvage « acculturé ». Mais, enfin, découvrant l’article « Compadrazgo », ce rituel fréquent en Amérique du Sud, me ramène à nos relations personnelles, puisque nous devînmes « Compères » quand il eut le bon heur de me demander d’être le « parrain » d’une de ses filles.
Michel Perrin (1941-2015) : Le chemin des indiens morts, Les praticiens du rêve, Le chamanisme, Tableaux Kuna, Voir les yeux fermés, Visions Huichol.
https://www.leseditionsdunet.com/livre/un-dictionnaire-part-moi
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CONFIDENCES D’UN MÉCRÉANT
Je ne me suis jamais rongé les ongles Je ne me suis jamais étendu sur un divan Je ne me suis jamais couché de bonne heure Je ne me suis jamais surpris à me rouler les pouces Je ne me suis jamais dit qu’il fallait que je me secouasse les puces Je ne me suis jamais pris les pieds dans un tapis de Casino Barrière Je ne me suis jamais incliné devant SAS 1 Je n’ai jamais crié en mer SOS Je n’ai jamais écrit un roman commençant par Aujourd’hui maman est morte Ou peut-être hier 2 Je n’ai jamais eu la foi du charbonnier Je n’ai jamais tué, jamais violé non plus 3 Je n’ai jamais imaginé Sisyphe heureux Je n’ai jamais couru deux lièvres à la fois Je n’ai jamais signé un livre à la Foire de Francfort Je l’affirme mais -sait-on jamais- je ne le signe pas 1 Son Altesse Sérénissime 2 Albert Camus L’étranger 3 Georges Brassens Le Mécréant
MARQUISE
-Alors Madame la Marquise
Vous sortez toujours à cinq heures du soir
Et tout va toujours très bien ?
-Faut croire cher Monsieur
Puisque vous l’écrivez.
-Et faut-il toujours croire ce turlupin
Qui prétendait sur l’air des lampions
Madame la marquise m’a foutu des morpions !
-Un plaisantin ce monsieur Brassens
C’était juste un coup de trompette
Pour exciter le peuple et les folliculaires
-Ah ! la la ! et ce vilain Corneille
qui sur ses vieux jours crut vous séduire
en prétendant que vous alliez vite faner
comme les roses de Ronsard.
-Tous deux ont trépassé mon cher
Et moi je me porte toujours comme un Ange.
L’AIR DE RIEN
l’air de rien refrain connu l’air venu j’enchaîne les paroles l’air le feu le souffle du fluide gazeux l’air la brise que brisent ifs et cyprès l’air qui donne cet air de famille d’une liste à la Prévert l’air sur l’aire qui sépare le bon grain de l’ivraie l’air délivré par ce pauvre hère tuberculeux l’air de Corbière poète maudit mort à trente ans de phtisie l’air de Tristan à sa jument Souris à Sir Bob à son chien Pope l’air de Titan satellite géant de Saturne l’air de Saturne morne et taciturne du père Brassens l’air d’un vanneur de blé aux vents 1 cependant que j’ahane cet air oublié que je te chantais 1 Joachim du Bellay