Au commencement Dieu créa le ciel et la terre affiche mon smartphone
ou bien Cal me Ismael l’incipit de Moby Dick
ou encore le début mythique de Cent ans de solitude :
Muchos años despues frente al peloton de fusilamiento el colonel Aureliano Buendia…
Longtemps après se trouvant devant le peloton qui allait le fusiller le colonel Aureliano Buendia…
Tout ça c’est de l’hébreu me dit à juste titre Dieu qui refuse obstinément de sortir du jeu
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SONNET SANS DIEU NI MAÎTRE
À Jean-Louis Rambour un maître en la matière
Lisez ses 24 sonnets publiés dans son roman
Le cocher poète, Éditions L’Herbe qui tremble.
Chaque être s’enchevêtre, de lui-même incompris.
Il n’a ni Dieu, ni Maître, mais rêve d’infini.
Il forme le dessein de lutter pied à pied,
Mais la raison l’égare et la rime le fuit.
C’est le texte qui crée sa propre rhétorique,
Lisait-on dans les temps des odes inachevées,
De la chèvre à la boue, du lézard à la barque*,
On patauge dans les choses de pays ignorés.
Modernes anti modernes, nos obscures lumières
Bricolent et houspillent les vieilles vieilleries.
Sous douze pieds de vers comme des mouches vertes,
Partout dans l’Univers des atomes obliques
Engendrent tous ces signes qui nous rêvent éternels.
Chaque être se libère de ses mimologies.
*Francis Ponge
« Merci, Jean-Jacques, pour ce sonnet. Pour ce pied de nez (respectueux) aux vieilles vieilleries.
Je me souviendrai de l’obliquité des atomes et de la libération de nos mimologies.
La rime t’a fui ? C’est normal. Sans Dieu ni Maître, le sonnet ne peut plus être ce qu’il a été ».
Jean-Louis Rambour
DÉFENSE À DIEU D’ENTRER
SURTOUT N’EN PARLONS PAS
Surtout n’en parlons pas
Mais de qui mais de quoi ?
Devinez écrivez
Faites appel à votre ange
On dit qu’il en a un
Relisez le sonnet
En X de Mallarmé
Avec ce seul objet
D’identité sonore
Pour mieux vous égarer
Ou plus trivialement
Enfourchez le solex
D’Alceste ou d’Alex
Pour aller au grand Rex
Voir un film rince l’œil
Défense à Dieu d’entrer
Seul Hugo put écrire en vain
Cet interdit divin
Dieu était dans la tombe
Et regardait Caïn
Défense d’en parler
Mais on peut à Orsay
Contempler ce Courbet
Acheté par Lacan
Au turco-égyptien
Appelé Khalil-Bey
Voie lactée ô sœur lumineuse
Des blancs ruisseaux de Chanaan
Chanson du Mal-Aimé
Guillaume Apollinaire
Nous fait voir les rondeurs
De dame damascène
Décidément nous digressons
Changeant de rythme et de rimes
Kss kss dit Flaubert à Emma
Couchée sur ses carnets intimes
Ainsi finit notre chanson
LA CONFÉRENCE DES OISEAUX
agenda du 08 au 14/02/2021
Lundi 08/02/2021
7h51 « Ils étudient, théoriquement et expérimentalement, l’intrication, la non-localité et la décohérence, dans des systèmes d’une complexité croissante. » Alors que je finis de recopier cette phrase, pour le moins énigmatique, le smartphone entame son chant répétitif, faisant sonner l’alarme à l’heure prévue, me rappelant qu’il est temps de lever les doutes sur ma localisation et de dire adieu aux quantas. 8h01
Mardi 09/02/2021
7h25 Quand Dieu depuis belle lurette est mort et enterré, « rien n’aura eu lieu que le lieu. » Une formule qui clôt, en quelque sorte l’attrait pour le Romantisme, de Stéphane Mallarmé. Mais comme tous les déçus d’une cause, il exagérait. Le « lieu » est aussi ce monde ouvert sur une langue en perpétuelle recherche d’un temps, que nous aimons célébrer, pour « frères humains, qui après nous vivez, » ayant le cœur avec nous adouci. 7h36
Mercredi 10/02/2021
8h39 Jean-Claude Carrière qui vient de s’endormir pour le sommeil définitif, ne pourra plus, désormais, assouvir sa passion de lecture, que « les yeux fermés. » Je prose cette ligne, mélancoliquement, le livre dernier où il fait part de toutes ces expériences « Ateliers », sur mes genoux. La liste de ses rencontres et réalisation est infinie. Au cinéma et au théâtre. Cet été, stimulé par son livre, j’ai relu dans mon jardin La conférence des oiseaux, ce merveilleux poème d’un auteur de l’Inde du XII° siècle, que Carrière adapta pour son ami Peter Brook, mis en scène au Cloître des Carmes, en Avignon. Nous vîmes le spectacle tendrement avec mon épouse…et le cri des martinets, le 15 juillet 1979. 8h43
Jeudi 11/02/2021
8h37 Hésitant ce matin, je me rabats sur les deux textes écrits dans la nuit. Sur la page quadrillée, -mon cahier d’écolier-, une variation autour de la phrase de Roland Barthes « mon livre doit être considéré comme dit par un personnage de roman ». (R.B. par R.B.) Sur la page blanche des poésies, une mise en abyme de mes poèmes « postés » chaque jour sur le blog poésie mode d’emploi (depuis le 08/01/2006) . « Poèmes anthumes », comme il se doit. 8h45
Vendredi 12/02/2021
7h30 Cette nuit, pour reprendre le fil de mon agenda d’hier, j’ai calé. Mes braises n’ont pu embraser la page « vierge et vivace du bel aujourd’hui ». Le poème est resté dans sa « bouche d’ombre. » 7h35
Samedi 13/02/2021
9h15 -Ah ! bon, je croyais que « le dialogue des insectes » était une invention de ce bon Jean de la Fontaine.
-Tout le monde peut se tromper dit Miró, en dessinant des fourmis rouges avec des nervures de chèvrefeuille et des cigales à l’œuf qui dansent la rumba.
9h30
Dimanche 14/02/2021
5h00 Attention travaux. La matière des mots, des couleurs et des sons, sans cesse étirée, malaxée, mise en forme, manière de maintenir la petite flamme des arts, chercher ce qu’on ne peut trouver, mais « Sirène la mer haute, Contre tempête chante » (Philippe de Thann XII° siècle) 5h05

"Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman" R.B.
POÈME NE NAÎT PAS D’UN DON

Poème ne naît pas d’un don
À Dieu je n’en fais reproche
Lui-même est le songe insensé
Sorti d’une encyclopédie
D’aveugles poètes impies
Poème naît d’effacement
De longue errance dans les livres
D’un moi pluriel qui réalise
L’alliance de Mémoire et d’Oubli
De métaphores vives et d’ironie
Ce poème s’est tissé en égrenant les lignes
De « poema de los dones »,
Une aimable fantaisie
Dont les dons, un à un,
Se magnifient et s’annihilent.
C’est Borges qui me l’a écrit.
17/01/2021