SOLILOQUANT





Soliloquant passé minuit sur ce papier où court un crayon donnant des nouvelles d’un passé qui n’existe plus.

Ce sont mes jeux d’enfant, sans sœur ni frère, dans le couloir d’azulejos, séparé d’une porte de l’étable, où l’on entend les bœufs roumier. (ruminer)

Au fond du corridor, s’ouvre la porte sur l’ort, le jardin familial qui, « à la saison », nous nourrit.

On entend sur le soir les cris des martinets et mon père piquant sa faux.           

Et pour la suite, imaginez…

Mon crayon gris, à force d’appuyer, s’est cassé…

L’ART N’EST QU’UN JEU





1

L’art n’est qu’un jeu

Mais il faut jouer avec la joie

Et le sérieux de l’enfant

Qui s’oublie dans son Je naissant





Je te l’écris « plié de rire »

Et secoué de pleurs

Ça peut aller de pair





Dis la vie quand reviendras-tu ?

Quand sonnera l’heure

De la grande réouverture ?

Du souffle des tragédies

Et des comédies

Déployées sur la scène de la Cour d’Honneur

Ou dans les 24 images par seconde

D’un cinéma où rêvent

Nos inconscients





L’art n’est qu’un jeu

Mais trop masqué

Ce n’est plus du jeu

Mais une mascarade

A dit l’enfant

En tressant son berceau

De laines et de brins d’osier

Dont on fait les rêves





27/01/2021

2

ÉCOLE (et poésies)





J’ai tendu une corde de clocher en clocher,

et je danse.

Mon maître d’école avait inscrit la phrase sur une banderole

qui flottait sur nos têtes.





Moi, quand j’ai été instituteur,

j’ai remplacé le danseur de corde

par Moi dans l’arbre

T’es fou tire pas !

C’est pas des corbeaux

C’est mes souliers

Je dors parfois dans les arbres





Ha!ha! On en a fait des lectures et des variations

sur ce dormeur dans son arbre

Comme « le paresseux » accroché au palmier, au milieu d’une cour d’école,

de Caracas où j’enseignais le français à de jeunes enfants.

Des infantes plutôt, des fillettes à l’esprit vif et sautillant.

-Profé ! profé ! comment dit-on « pereza » en français ?

– On dit « paresseux ».





Dame souris trotte Rose dans les rayons bleus

Dame souris trotte : debout paresseux !





Avec Rimbaud, Vincensini et Verlaine.

3

Écrire n’est pas qu’un jeu…mais un peu tout de même.

Un jeu où l’on écrit avec le sérieux et toute la joie de l’enfant qui joue.

Un jeu où l’on suit des règles, bien qu’on aime les changer tout le temps.

Sauf cette main réglée, sur l’orthographe exacte, sur le sens et le non-sens,

les mots en vadrouille, mais tenus, même en faisant quelques écarts,

par la langue françoise.

On taille, on coupe, on bêche.

Et quand le journal, au sens du travail d’un jour, est fini,

on plante là ses outils jusqu’au prochain exercice,

et on passe à autre chose.

Sauf que, en ce qui concerne précisément, celui qui trace cet écrit,

son journal essentiel, se déroule la nuit.

Comprenne qui pourra.

Ceux qui dorment la nuit sont hors-course.

Les autres, éveillés, mais qui luttent pour dormir,

tournant et retournant leurs insomnies,

font un mauvais calcul.

Quand la nuit remue,

il faut sauter sur son manège,

et laisser aller.

Ça apaise, ça écrit.





13/07/2020

UN JOURNAL DE CINQUIÈME SAISON

manuscrit avec hypnographies (03/01/2021)




Un journal de jours nuls jours lus

depuis les mots de la tribu

de l’attribut qui fait défaut

au dictionnaire à part soi-même





Un journal cinquième saison

Le murmure de ce qui reste

Après l’incendie de l’automne

de la vie de celle qu’on aime





Un journal d’un jour bien rempli

Aidé des bœufs poussant l’araire

aux champs de Naouzos un lieu-dit

Un chant d’oiseau qui veille et dort





Un journal qui laissait de l’encre
Sur les doigts de l’enfant des lettres

Transfiguré –il va de soi-

en abeille des jours heureux


	

NOËL 2020





Le petit Jésus est né masqué

Pour nous faire peur

Ou nous faire rire





Mais il aura du mal

à guérir de leur mal les humains

qui pour un oui ou un non

s’entredéchirent





Quelqu’un a dit

Connaissez-vous cet enfant-là ?

Non on ne sait plus son nom





Covid je crois

a suggéré un mécréant





N’importe aujourd’hui c’est Noël

Pour les enfants qui rient

Et c’est le bruit et la fureur

Pour les enfants qui ont peur





-Elle est pas belle ton histoire

me dit l’enfant que je fus.

-Elle n’est que trop vraie hélas,

Mais pardon à toi,

dont l’arrière grand-père s’appelait Noël,

j’aurais dû la cacher

dans un papier cadeau

avec ton cœur qui bat de joie

et nous rend plus léger.

FABULETTES DEVANT LA MER FRISQUETTE

la douce mer était frisquette

La douce mer hier était frisquette

Sa plage de sable balayée par Saint Mistral

Je lui ai fait quelques dessins à la hâte

Puis avant que la vague ne me les mange

Je les ai photographiés

Je vous les laisse regarder

l’enfant au bois flotté

La douce mer hier par bravade

A apporté ses bois flottés

-Ils viennent d’Afrique et d’Asie

ai-je dit à mon petit fils

Il n’a pas semblé convaincu





On a marché sur les rochers

Les roches blanches protégeant le port des voiliers

Qui imitaient les cris des mouettes

Au large pétrolier gaziers chimiquiers

Attendaient leur tour pour être délestés

Arrimés sur un quai de Lavéra

Ils viennent d’Afrique et d’Asie

Cette fois Mathis a dit oui

Puis avant de partir on a chanté

Les p’tits bateaux qui vont sur l’iau

Ont-ils des jambes

Et dans l’auto bien au chaud

On s’est écouté Flocon papillon

Chanté par notre amie Anne

Qui vient de nous quitter

Mais non ses fabulettes

Que les enfants de mon petit enfant

Écouteront avec amour et reconnaissance

ad aeternam

un chat est venu nous visiter