JEUX D’ENFANT





jeux d’enfant voix d’enfant aux cheveux blancs
J’ai joué au jeu de barre comme un fou
J’ai débarqué d’une avioneta à Cuzco (3399 m) et loin de tomber dans les pommes comme il arrivait à quelques gringos, j’ai joué au foot-bal avec des gosses dans un terrain de terre où volait la poussière
J’ai joué au béret et aux quilles
J’ai entendu la formule rituelle « Faites vos jeux rien ne va plus » au casino du Boulou et à celui de Royat
J’ai pratiqué l’écriture automatique et le jeu du cadavre exquis
J’ai bu le vin bourru et l’eau du puits bâti en pierres de rivière situé au fond du jardin
J’ai eu une enfance sans téléphone et sans télévision
J’ai appris par cœur maintes récitations
J’ai lu cien años de soledad et je connais de mémoire Juventud divino tesoro de Ruben Darío
J’ai écrit cette suite no más (sans plus) comme si en aucune manière elle m’appartenait, comme si l’autre (l’enfant, le vrai) était étranger à cet enfant aux cheveux blancs qui l’a tant bien que mal prosée

Martigues samedi 25 sept. 2021 

SOLILOQUANT





Soliloquant passé minuit sur ce papier où court un crayon donnant des nouvelles d’un passé qui n’existe plus.

Ce sont mes jeux d’enfant, sans sœur ni frère, dans le couloir d’azulejos, séparé d’une porte de l’étable, où l’on entend les bœufs roumier. (ruminer)

Au fond du corridor, s’ouvre la porte sur l’ort, le jardin familial qui, « à la saison », nous nourrit.

On entend sur le soir les cris des martinets et mon père piquant sa faux.           

Et pour la suite, imaginez…

Mon crayon gris, à force d’appuyer, s’est cassé…

L’ENFANCE ÉPHÉMÈRE DE NOS JOURS DE FÊTE





« Les souvenirs d’enfance se ravivent quand on a atteint la moitié de la vie.

C’est comme un manuscrit palimpseste dont on fait reparaître les lignes par procédés chimiques. »

Gérard de Nerval





Cul par-dessus tête et roule barrique

Vaches dans le pré bouses séchées

Tuter les grillons bailler aux corneilles

Pêcher la grenouille avec le farouch

(le trèfle incarnat) accroché à l’ancre

Chanter à tue-tête le temps des cerises

Faire des cabanes et des marionnettes

Mettre un crapaud dans le bénitier

Chasser les corbeaux à coups de pétoire

Lancer les agates les boulards les billes

Jouer au béret et au jeu de barre

Pierres polies font de beaux ricochets

Patience et longueur de fil pour brodeuses

d’abeilles brodeurs de ces petits textes

en vers contre tout qu’on ne sait finir

Un conte sans fin mille et une nuits

L’enfance éternelle dans des souvenirs

purs et inventés Ciel par-dessus tête

L’enfance éphémère de nos jours de fête


	

JEUX DE NUIT EN RIMES ÉQUIVOQUÉES

manuscrit nuit du 19/09/2020




JEUX DE NUIT EN RIMES ÉQUIVOQUÉES





Cette nuit je joue

à la pirouelle*

et à bien d’autres jeux

Je multiplie les « je »

et fais de Spirou…elle





Je joue au saut à l’élastique

Dans le Vercors

Mon vert corps

Hélas tique !





Je joue au loup caché

Dans le lit de Marie

C’est un jeu cash et

Tu m’en vois marri





On m’envoie des tomates

Sur la scène des Folies

Ou bien des badauds matent

Les beaux yeux de Dolly





À la fin jeu de l’ange

Mon poème berce et lange

Puis au son d’une mandore

Je m’endors





*André Frédérique (L’enfant boudeur)

 version « clavier » 19/09/2020 matin