ODE AUX POÈTES DES ÉPÎTRES





Parfois c’est court la forme casse l’esprit bavard

Bah ! Personne n’entre ici s’il n’est un peu poète





Poète ? Tu veux rire le poste est déserté

Entre le poème et toi il y a le monde qui te broie

Brouhaha brou de noix gaulée sur le noyer





Le noyé c’est bien toi qui nages dans l’obscur

D’une nuit blanche

Sous la neige

D’une « plume en absence »





« Poète dépourvu »

De lecteurs et de reconnaissance

Mais que main tient

Et sans art-gens

Écrits et cris
Rage admise

Par les seuls amis





nuit du 24/09/2020

« La plume en l’absence »
Pauline Dorio
(vient de paraître)

CECI N’EST PAS UN MESSAGE AUTOMATIQUE





Je m’éveille d’un rêve sombre, qui sombre aussitôt sous ma plume.

Ceci n’est pas un message automatique.

Pourquoi le public a-t-il refermé la parole vitale venue d’hypnose

du fond de nos nuits ?

Parce qu’il préfère la monnaie de singe de la littérature.

Mais il y a d’autres hypothèses.

À toi dernière lectrice fondue dans l’empire des signes,

d’en faire le tri.

Le lecteur est tricheur désormais, tirant les fausses cartes de sa manche.

Je m’éveille d’un rêve lumineux qui aussitôt prolifère sous ma plume.





lundi 30 mars 2020

SILLONS TRISYLLABIQUES





année 2020

dite des devins





indication :

lire des yeux puis de la voix ces textes écrits en trisyllabes

le lecteur idéal laisse le texte capter tout son présent     

n’oubliez pas les diérèses.





Janvier

il ne sert  à rien  d’expliquer  Dorio  dans le texte  Dorio  a’xist’pas  mais il trace  des sillons  en passant une araire  pointe fine  va et vient  de paroles  sans romances  il ne sert  à rien  sur la page  des fragments qui se perdent  roue errante  d’une main  du tressage  sans dressage la sibylle  peut bien rire les idylles  et rondeaux  s’en aller  je persiste  et je signe





Février

février  découpé  en vingt neuf  vers sans rimes  à jets d’encre  sur la page  puis clavier  pour l’écran février  cette année  apporta corona  un virus  une grippe  pas d’Espagne  mais de Chine  tchin tchin tchin qu’opposer  à la mort  si ce n’est  la richesse  d’exister  avec et pour  nos semblables  solitaires  solidaires des raisons  et des rimes   chuchotées     





manuscrit
trisyllabes
ornées d’hypnographies

	

FEUILLETON





Tu as pris des trains d’exception

celui de Cuzco destination Macchu Picchu

le train des indiens et des hippies

l’été 1970





Tu te souviens dans le compartiment

qu’au cours des discussions sans fin

une fille parlant de son compagnon

te dit :

si le das pelota

si tu le relances

vous allez y passer la nuit





À l’époque toi aussi tu attirais l’œil

poncho barbe et cheveux longs

et béret noir

comme celui du père Dorio





Tu pourrais aussi bien tout inventer

et même t’inventer un nom

pour un roman

que tu n’as jamais été capable

d’écrire





Et maintenant qu’est-ce qui va se passer

demande le narrateur au lecteur

inversant le jeu de rôles





Et dis-moi au fait

tu pourrais y mettre

un peu de toi

Imaginer une suite

qui prend au mot et à revers

cette boutade d’un penseur

qui n’aimait pas

l’innocence la verdeur

la fantaisie romanesques





Lors la marquise du Flore descendrait

du train de Macchu Picchu

à cinq heures du soir





Elle aurait troqué le mal des hautes montagnes

contre une malle de colifichets

et de falbalas

portée à dos d’homme

par son factotum

son fidèle Zénon d’Élée

m’as-tu-percé-de-cette flèche-ailée

qui-vibre-vole-et qui ne vole pas





Suite au prochain numéro

pourrait-on lire sur le journal du soir

après la double page

 consacrée au feuilleton                 









citation Le cimetière marin

Paul Valéry