J’écris en levant les lièvres d’un gîte
Où La Fontaine songe : cet animal est triste et la crainte le rongeJ’écris en écoutant les quatuors de Beethovendevenu à cette époque sourd, sourd sublimeJ’écris en traçant dans l’air la langue des signesJ’ai l’air d’un idiot (d’un idiot utile ?)J’écris en posant des questions à mon lecteur futileFût-il pervers polymorphe ou slameur insigneJ’écris sur les nuages qui passent ici
Et sur les pavés que se passèrent de main en main
les petits gars et les jeunes filles de Mai 68J’écris sur l’océan qui bouge depuis le premier bainde vagues et de houles avant mes premiers vagissements
J’écris sur l’estuaire, exutoire d’un fleuve
Qui baigne mon poème mystérieusement
JE M’ABANDONNE À LA NAÏVETÉ Je m’abandonne à la naïveté et à toujours dire ce que je vois, et par tempérament et par discours, laissant à la fortune de conduire l’événement. Montaigne (revisité ce 17/10/2019) Je regarde les nuages qui passent et un avion avec sa fumée en panache derrière sa queue. Je regarde une libellule posée sur l’amandier - que fait-elle encore à rôder ainsi un 14 octobre ? Je regarde le temps en suspens me balançant dans mon hamac. Puis je ferme les yeux au monde qui m’entoure reprenant la lecture du livre sur lequel j’ai écrit ces lignes dans les marges.