J’ÉCRIS L’AURORE À MES DOIGTS ROSES J’écris ce début sans fin J’écris cette suite digressive dont je me fais un bouclier J’écris pour des lecteurs imaginaires qui n’y voient que du bleu J’écris pour Pierre Ménard inventeur de Don Quichotte polémiquant avec Paul Valéry refusant d’envisager que la marquise pût sortir à cinq heures J’écris avec la main gauche cette écriture en miroir qu’affectionnait Leonard J’écris à la lisière des ouvrages de démonomanies brûlés par les églises pontificales et littéraires sous prétexte que leurs démons jouxtaient de trop près leurs dieux J’écris pour faire sortir de leurs pages d’encre et de papier les personnages de fiction qui viennent à mon chevet me préparer à les rejoindre…le jour d’après
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NI VU NI CONNU
Ni vu ni connu Je suis le parfum Vivant et défunt Dans le vent venu Paul Valéry Ni vu ni connu Un vers de Charmes De Paul Valéry Consulté la nuit D’un onze novembre Quand cessa le feu De la guerre infâme Ni vu ni connu Bernard Jean Dorio Mon grand-père mort Sur le champ d’horreur Ni vu ni connu Valéry en fit Un esprit de l’air Baptisé Le Sylphe Ni lu ni compris Par les va-t-en guerre Aux pires esprits Qui encor sévissent Que de morts promises ! 11/11/2021
LA MORT & LES AMOURS TOUJOURS RECOMMENCÉES
La mer, la mer, toujours recommencée. Paul Valéry (Le cimetière marin) L’amour, la mort toujours entremêlées, J’ai lu cent fois le cimetière marin Je n’aurais jamais imaginé que tu y reposerais un jour Bien avant moi de sept ans ton aîné Sous un pin, toi aussi, à deux pas de la mer, Mais tes focs sont ici des géants Portant gaz, pétrole ou conteneurs. Golfe de Fos et non de Sète Où Valéry situa son poème En surplomb de ce toit tranquille Et du « cimetière des pauvres » où bulle Brassens l’humble troubadour de la Supplique Mais brisons-là avec ces morts célèbres Toi ma fraîcheur mon âme universelle Sur mes lèvres et mon livre* Toi qui cèles nos amours post mortem Dans le secret des mers Éclaboussées par l’écume de mes humbles vers Poèmes à ma morte L’Harmattan 2017


CE TOIT TRANQUILLE (un don des dieux)
Le don des dieux, disait Paul Valéry,
du premier vers amorçant son poème
« Ce toit tranquille, où marchent des colombes »
Mais après, son daimon se retirait,
le laissant seul penser et remuer
sens et sons, mots perdus devant sa tombe.
Tout ce qui rend « intranquilles » les poètes
qui se donnent du mal comme Personne,
Pessoa et ses hétéronymes, vivant à Lisbonne.
Il faisait du patron de son « tabac »
Un héros de papier vendant ces cigares
Comme Descartes sa métaphysique,
Ou, Michaux, le Belge, ses chocolats.
Mais je m’égare dit Fol erratique,
le Fou Triboulet blasonné
par François Rabelais.
Minuit passé, la boucle se referme,
L’espace de la page n’en peut mais,
Sens et sons ont semé leurs germes sur
« Ce toit tranquille, où picoraient des focs.»
UN LONG REGARD SUR LE CALME DES DIEUX

manuscrit premier jet
sur fond de toile aux encres et acryliques
titre :
il n’y a pas de mots dans mes figures
Dorio
UN LONG REGARD SUR LE CALME DES DIEUX
Activité :
dans l’esprit de ces lettres qui vont composer peu à peu le corps de mon texte,
j’agis, je déplie l’éventail de mes capacités, en conscience.
Conscience, claire et confuse, ou plutôt, la confusion m’est naturelle,
mais je cherche par essais successifs, à y voir plus clair.
Mes maux proviennent des souffrances réelles d’une vie fléchée
par les dieux malins et cruels, et par les mots pour le dire qui, à la diable, s’entrechoquent, à tort et à travers.
Je cède alors, comme dit le Poëte, l’initiative aux mots.
Mais céder n’est pas concéder :
Aussi bien, en tant qu’il a des idées claires et distinctes,
qu’en tant qu’il a des idées confuses,
l’Esprit s’efforce de persévérer dans son être pour une durée indéfinie
et il est conscient de son effort.
C.Q.F.D.
Ma boucle pour l’heure semble se refermer, mais c’est pour mieux,
tant que je vivrai, toujours toujours recommencer :
Espérance après une pensée qu’un long regard sur le calme des dieux.
*
merci à Spinoza et à Paul Valéry
moi humble troubadour
sur eux je renchéris
selon Brassens