LE PLUS BEAU LIEU DU MONDE





Le plus beau lieu du monde

est là dans mon poème,

dans cette forme ronde,

manège de soi-même,

dont le cogito vagabonde

de ligne en ligne

de vers en vers,

dans ce que j’imagine

chez Nerval ou Prévert.





Je suis le desdichado,

Je suis comme je suis,

Je suis ce que je pense,

Ce nom qui me transcende,

Dans tous les lieux où je fus,

l’espace et le temps d’un poème,





Je suis cette personne autre,

Cet étrange étranger,

 Habitant cette langue « fraîchissante et rose »*,

Du plus beau lieu du monde.





*Marcel Proust

le plus beau lieu du monde est là dans mon poème

	

PASSONS AUX CHOSES SÉRIEUSES





Passons aux choses sérieuses

Quelques vers passe-partout

Battant des nuits la semelle

L’or du temps sans repentirs





Passons aux choses poèmes

Tant que marche la cervelle

Loin des hommes prédateurs

Qui déchirent et broient la vie





« Je » est universel

« Moi » moi le corbeau noir

Des peurs des guerres et des haines





Passons aux choses légères

Barques Voiles au soleil

De l’enfance au naufrage

La vie musique et poésie





Et par ici la sortie !

*

QUELQUES LICENCES POÉTIQUES et un vers sublime





QUELQUES LICENCES POÉTIQUES

et un vers sublime





Alphonse de la

Martine Aubry

La maire de Lille

La mer de Debussy





Verlaine qui a trop bu

Voit un loup sauter la haie

Comme on aime comme on hait

Et merdre dit le Père Ubu





Prévert des mille bouquets

Quand il joue au bilboquet

Pense aux filles aux mille beaux culs

Qui l’aurait dit qui l’aurait cru ?





Laurel et Hardy mangent des cafards

Qu’ils avaient pris pour des olives noires

Je bois du café et j’ai le cafard

Laforgue appelle ça l’humour des corbillards





Comme sur un billard à quatre bandes

Et d’énigmes en énigmes

Volent mes licences poétiques

Le paradis ayant l’enfer pour borborygme

Qui d’après vous sortit de sa plume ce vers sublime ?


	

LECTURE MUETTE OU CHANTÉE









Lecture muette et solitaire

Demande lecteurs (é)mus et solidaires

En état légèrement d’hypnose





Ainsi lisant j’ai chevauché

Ces presque vers scindés en trois

Qui vont me conduire jusqu’en bas





de la page veux-je dire

Art des vers semblable selon Malherbe

à celui du jeu de quille





« Alors tu la tires ou tu la pointes ? »

Alors tu les chantes

Ou tu les lis muets « dans ta tête »





Ainsi lisant et écrivant

J’ai pris le vent j’ai pris la houle

Loin des poètes et de la foule





lecture vocale

COVID OU CORONA MOI JE LIS FANTÔMAS









Covid ou Corona le temps est à l’angoisse

Dans les bars plus un chat et dans les rues on s’masque

Opération survie moi je lis Lao Tseu

Plus on va loin moins on connaît

C’est le moment de pas bouger





Corona ou Covid je chine dans mon grenier

Mes Fantômas surgissent dans le silence

Robert le Diable allonge son ombre immense

Fantômas qui êtes aux cieux

Sauvez la poésie





Covid ou Corona moi je prends la tangente

dans les livres secrets que rien ne décourage

Je lis et fais ces vers mâchés

Par mille ans de poésie françoise

D’équerre ou de guingois





Ils passent…Nul ne les voit





citation Fantômas Ernst Moerman (1933)