SANS REPENTIRS NI RATURES









Emploi du temps des nuits où nous veillons solitaires

Chacun et chacune ruminant devant les nouvelles du monde

Les collectes de phrases

Les phares noirs des calligraphes

Les encres et les couleurs sur toile

Les musiques et leurs partitions alimentant la matière de nos rêves





Emploi du temps à travers ce temps présent

Où le public culturel (dont on nous bassine les oreilles)

Est coupé de la voie des poètes

Ces « inconnus célèbres »qui vont et viennent

Essayant de déchiffrer les plaintes et les joies

Des voix des médias et des rues

Et qui n’oublient l’inflexion des voix qui se sont tues





Cherchant inlassablement dans le plus grand silence

Ce qui, impossible de dire en paroles,

Doit passer par l’écrit





Emploi du temps en attente

À l’écoute à l’écart

Où nous puisons notre énergie

Dans ce cocon de mots

Qui font nos manuscrits

Toujours inachevés





Ondulations arborescences

Brouillons épars

Sans repentirs ni ratures

Et tout le reste est littérature


	

LIVRE DE NUIT

LIVRE DE NUIT

Le jour au jour

et

la nuit à la nuit

Robert Desnos





De la nuit je ferai un livre – de liber pellicule située entre le bois et l’écorce –

De la nuit je ferai une écorce irréfléchie déployée autour du minuit de toute chose : mimographe, sismographe.

De la nuit dont un livre m’affirme qu’il faut la laisser en nous murmurer

telle une source intarissable.

De la nuit dont on fait ses livres traduits du silence

où les mots désœuvrés nous creusent et nous façonnent :

une façon de parler de ce dont on ne sait que dire.

De la nuit que l’on mesure à la démesure que tente de nous imposer

cette langue inconnue

et qui fait mouvement à mesure que les mots les plus sensés

s’accumulent sur la page,

insomnies : rêves en sommeil.

De la nuit dont l’issue est un livre qui prend feu

et que personne ne lit

un œuvre qui fait le lit de la littérature

dont on ne souffle mot

tant

le jour au jour

et

la nuit à la nuit…

AU BOUT DU CONTE TU NE RESSEMBLES À PERSONNE

PAGE source et ressource




AU BOUT DU CONTE TU NE RESSEMBLES À PERSONNE





Influences ou imitations délibérées, c’est ainsi, que peu à peu, pourvu que la tâche soit légère mais obstinée, paradoxalement, on en vient à ne plus ressembler à personne.

Sur mon échiquier poétique, je pousse les pièces d’une identité, que seul.e.s les imbéciles croient posséder.

Quand je lis vraiment, je disparais dans l’écriture intime de celui et de celle qui me font l’amitié de m’ouvrir à leurs lettres, sans cesse portées, au-delà de toutes mes attentes.

Les enfants nés dix ans avant moi, ont été déchirés par la guerre, « l’histoire avec sa grande hache », de l’auteur de « la disparition », qui s’est servi de la littérature pour s’inventer un monde et une famille, toujours prête à le quitter. Comme une mère qui vous amène dans un train partant pour le Vercors, -sans sauts à l’élastique -, avant d’être contrainte et forcée d’embarquer dans les wagons plombés de nuit et brouillard.





le rouge et le noir




LIRÉCRIRE

c’est ainsi que je sais le mieux oublier

qui je suis

pour entrer dans un monde

de fantaisies d’inventions

et de « réelles présences »

car moi aussi la vie douce et paisible

m’a une année un mois un jour

déchirée

en lançant ses flèches empoisonnées

contre celle qui était qui fut et demeure

ma moitié





L’ART DE MOURIR





La mort n’y mord

Clément Marot





Tout ce mélange

des funérailles anciennes

et des convois mortuaires

interdits





Avril

les fils se rompent

à l’hôpital des peines

L’art de mourir des littératures

s’est mué en mort artificielle





Les morts ne sont plus là

pour dire leur parole dernière…





Même parlant sans rien dire

ou râlant encore un peu

dans le style pathétique

et futile

de leur souffle dernier