Nuit jaune nuit soleil
nuit jaune bouton d’or
La nuit jaune sort des déserts ses momies énigmatiques
La nuit jaune casse son œuf soufre et sel
Nuit jaune nuit soleil
Nuit jaune de Lascaux et d’Altamira
La nuit jaune sur écorce
la nuit jaune d’arsenic
La nuit grillée drapée de sari et d’orpiment
La nuit jaune de Monticelli
des chairs de Rubens déclinées par Baudelaire
La nuit jaune des chiens errants sur la lande de grès
Nuit jaune nuit soleil
La nuit jaune de flamenco et de camomille
La nuit jaune des doigts de safran
qui se balance sous le mimosa conjugal
qui se conjugue avec Bouddha
La nuit jaune du vide effervescent
La nuit du chasseur et du cerf aux bois de santal
La nuit du soleil naissant jaune chrome de Vincent
où le semeur à la toile bleue foule la terre violette
ignorant les sales corbeaux
Nuit jaune nuit soleil
Nuit Monk qui réveille minuit
La nuit jaune en haillons pour le dormeur du val
La nuit de l’eau de fenouil dans la gargoulette
La nuit dans les yeux du chat de Montaigne
qui pousse la pelote de ses Essais
La nuit jaune sur la peau et dans le tabac à priser
Nuit jaune nuit soleil
La nuit de ce faune qui rame sous les ifs
Nuit jaune qui s’égare
Nuit ornée sur les murs de la vieille Sorbonne
La nuit jaune de miel et de réséda
avec cette craie d’écolier
qui éclairait le tableau
de ceux qui croyaient au ciel
et de ceux qui n’y croyaient pas
(ceux et celles qui aiment
poétiser l’émerveillement
écriront une suite)