MAIS QU’EST-CE DONC QU’UN POÈME ?





Mais qu’est-ce donc qu’un poème ?

Une forme qui va, rit,

pleure, sur l’allégorie

de la désagrégation

qui ronge toute pensée.





Un rituel où j’arrache,

vers après vers, le chiendent

d’un monde instable, hostile.





Un poème s’en dégage

Où la vie trouve un passage.

Son livre joue d’écritures

Qui mêlent la tradition

-ce pur don de soi aux mots

forgés par les grands poètes-

À l’invention d’un présent,

heureux, dans l’inachevé.





V.XI.MMXX





une voix et l’invention d’un présent heureux…dans l’inachevé

	

J’AIMERAIS MIEUX PAS





J’aimerais mieux pas t’écrire poème

Il fait trop triste dans mon cœur
Et trop de morts en moi se meuvent





J’aimerais mieux pas

Mais voilà c’est le paradoxe

Le premier vers hardi se pose

Sans que je l’y invite

Sur cette page qui se défend

Mais n’en peut mais





J’aimerais mieux pas j’aimerais passer

Mais comme une mécanique

Ma main magnétique continue

À Dada sur mon papier





Lors me retrouve bon gré mal gré

Poète dépourvu incapable d’interrompre

Ce labeur contrefait*





Et puis flûte ! Réflexion faite

Je dois à mon grand dam le constater

En faisant à contre cœur ce poème

Tristesse et douleurs ont passé





Il était temps de l’avouer





*allusion à Clément Marot

prince des Poètes





POÈME TU VAS VERS QUI VERS QUOI ?





Les mots c’est nous      les mots sans nous

 tout aussi bien

                       1

Un feu d’herbes sèches

un visage à peine un ciel léger





la chaleur qui vient à trembler

au bord de l’autre rive





à tenter le signe

à soustraire l’ombre de la nuit

aux confins de ma pensée





2

Ce matin à tirer la ficelle du temps

à répandre le jour par un ciel gris





à dire d’une voix étouffée

toute la neige à venir





comme l’air dans sa pauvreté

une étoffe mal seyante





et l’apparence du dire

à heurter quoi

au fond de quelques mots

perdus

avant d’être prononcés

3

Poème tu vas vers qui vers quoi

peu importe ici je m’arrête





je ne puis plus rien pour toi

ta liberté se donne par ma solitude

ce que l’on dira de toi ne me délivrera de rien

que ta chaleur soit comme l’obole des morts





une page blanche

à jamais





Jean-Marie Corbusier





Mille mercis de m'avoir envoyé  cette belle page de poésie 
J.M. Corbusier conclue ainsi l'éditorial du dernier Journal des Poètes (89° année)
"Le Journal des poètes est un grand voyage, car voyager, 
comme le suggérait Proust, c'est changer de regard."

« un feu d’herbes sèches voix » piano JJ Dorio
« la ficelle du temps voix » piano JJ Dorio
« poème tu vas vers qui vers quoi » en chanson JJD

	

LES PRÉSENTS D’UN POÈME





Je n’écris plus que la nuit

La tête sur l’oreiller

Ma plume oublie qui je suis





Je n’écris plus que feuillets

Ivres de rimes à larmes

Ils sont sans finalité





Ce sont présents d’un poème

D’ellipses et de reprises

À l’écart et sans limites





Je n’écris plus qu’animé

Par cet instant où je mêle

Temps perdu et retrouvé





Où tout est vrai parce qu’inventé





21/10/2020

italiques : selon Charles d’Orléans et Marcel Proust.


	

C’EST L’ÉPIQUE ÉPOQUE





C’EST L’ÉPIQUE ÉPOQUE





Je laisse mon époque à d’autres

Plus d’un l’ont dit que l’on oublie

Ah ! l’époque est intéressante, notez bien

L’époque se moque des vers anciens





Je laisse mon époque et converse

avec mes lignes de vers nouveaux

qui s’avancent dans l’inconnu

dans le chaos





Je laisse ce poème mal barré

(mon gouvernail a cassé)

La langue cannibale me l’a mangé





Le titre est de Ferré

Le  vers en italique de Jean Paul de Dadelsen





RÉALISME LYRIQUE





« Lyrisme réaliste »

Mon oxymore ce matin

Me pince-mi

Me pince-moi

Me jette à l’eau

Je lis Frénaud

« Excrétions,

misères,

facéties .»

Réalisme lyrique

J’y suis





André Frénaud (1907-1993)





Il n’y a pas de paradis