MARELLE





Marelle il suffit d’un mot

Pour ébranler le sens d’un monde

À tue-tête et à cloche-pied

Terre ciel enfer paradis

Et c’est pour de rire pardi !

Grenouille « Si la pluie te mouille »*

Rainette sur un nénuphar

À Giverny c’est nymphéa

Nymphes hermosas y feas

Une fée verte en style nouille

Mais dans le gosier de Verlaine

Ça fait violon des sanglots longs

Le mal au cœur le vague à l’âme

Vague divague sur la page

Coup de billard du vieux pillard

Des lavandières littéraires

De la lavande qui embaume

Le fouillis des mots d’un poème

Qui sous prétexte de marelle

Pour ébranler le sens du monde

S’est perdu dans le labyrinthe

Dont nul ne sort vivant ni mort





*Si la pluie te mouille mon amour nouveau (Anne Sylvestre)

DERNIÈRE PAGE D’UN BEAU CARNET

manuscrit « tel quel »




Je tourne littéralement autour de mon poème

en marchant le dictant par bouffées au secrétaire

accompagnant au troisième étage de sa tour Montaigne





Je marche dans les rues de l’île Saint Louis

comme le faisait Baudelaire

qui n’aurait imaginé aucun de ses sonnets

Assis





C’est la dernière page de ce beau carnet

dont j’ai laissé le hasard chuchoter à l’oreille

des mots choisis les yeux fermés :





le feu le sable la peau le corps le cœur

c’est ce que je t’écrivais

quand nous étions ensemble





Le rythme de nos vers fait des tours et des tours

Une mouette agite ses ailes et crie

pour éloigner ses compagnes

du trognon de pomme qu’un enfant qui me ressemble

vient de jeter dans la mer incertaine





Je ne sais trop qui m’a dicté cette dernière image

Le poème maintenant où j’ai cherché refuge

peut s’effacer





24/12/2020 7H20

L’ARIZE





La rivière de mon village

N’est dans aucune anthologie

Ni Nil

Garonne

Ni Don

Neckar

Tamise

Meuse

Ni Seine

Amazone

Mais c’est ma rivière

Où j’ai appris à nager

Pêcher Rêver

Où j’ai été sa forme changeante

Et ses couleurs





Elle sort cette nuit de mon lit

Et fait ses ricochets

Arize Arize Arize

De rive à rive

De berge à berge

Comme une gravure

Qui mord et creuse

Ce poème électrique

À contre-courant





Ni Nil

Ni Don

Mais de toutes les rivières du monde

Mon bel affluent





Un dictionnaire à part moi
texte en cours

l’Arize

LE TEMPS l’arcane majeur





Le temps pour le poème

est l’arcane majeur





Le temps refiguré

dans une métaphore





Le temps désaliéné

« les promesses de l’aube »

brisées mais non perdues

dans un dire têtu

ni le même ni l’autre





Le temps des nuits entières

qui sonne sans raison

mais non sans résonances

L’horizon de lectures

d’une intranquillité

qui nous tue et rassure





Le temps qui nous murmure

La mémoire et l’oubli

L’amour des fatrasies

Et la sérénité





manuscrit « tel quel » nuit du 26 novembre 2020
le temps arcane majeur

	

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Article réservé aux abonnés absents

Encore un poème que Personne lira

Ça me fait une belle jambe

Il a son masque Corona

Devant mon papier

Qui fait des sauts et des gambes





Encore un poème aux abonnés absents

(l’alexandrin a perdu sa syllabe)

Poésie devient l’objet des médisants

C’est pour eux du chinois de l’arabe





Moi je l’assois chaque jour à ma table

Elle parle et déparle de travers

Saoule d’un rêve insatiable

Qui forme et déforme mes vers





20/11/2020

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